Vivre le carême avec les étudiants – 2023

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ENTRER EN CARÊME

Entrer en carême, c’est retrouver le chemin de la vie vraie, celle qui se reçoit du Seigneur de multiples manières ; c’est apprendre à nouveau l’émerveillement et la reconnaissance du don de Dieu infini, amour unique entendu en résonnance au plus intime de notre être, retrouvé au plus proche comme au plus lointain, dans celui avec lequel je partage spontanément tout comme dans la personne qui m’est la plus étrangère et la plus lointaine. C’est un amour dont bruisse la création tout entière.

Cet amour inconditionnel et gratuit de Dieu, lorsque nous le redécouvrons vivant en nous et en tant d’êtres et d’œuvres de grâce, nous ouvre à ce auquel nous aspirons secrètement le plus : la communion avec Lui et entre tous… Seul cet émerveillement de l’œuvre infinie de Dieu, l’accueil humble et pauvre de Sa vie donnée en grâce peut retisser les liens de l’amitié respectueuse et véritable avec Lui et entre nous… C’est bien à cela que nous sommes appelés, en nous préparant cette année encore à vivre la Pâque du Seigneur : être restaurés dans son alliance de paix quand « amour et vérité se rencontrent et que justice et paix s’embrassent » (Psaume 84). Une alliance de paix qui est le dessein de Dieu depuis le premier jour de la création et que lui seul peut donner en plénitude. Une alliance qui, lorsqu’elle est retrouvée, nous rend à la joie de l’altérité et de toute rencontre. C’est la paix de Jésus ressuscité, la paix qu’il donne à ses disciples au soir de Pâques, la paix dans laquelle il nous envoie pour en être les ambassadeurs et les serviteurs.

Sur ce chemin de conversion, c’est-à-dire de retournement du cœur et de changement de regard, nous avons quarante jours pour nous laisser rejoindre par le Christ et conduire par Lui jusqu’au mystère du don de sa vie par amour pour nous dans le retournement de sa Pâques ; qui seul nous sauveras du mensonge, de l’iniquité et de la violence. A son école, il s’agit de réapprendre notre condition de créature créée et vivant de la grâce de Dieu, prendre la mesure de l’aveuglement dans lequel les épreuves et la voix de l’ennemi peuvent nous plonger ; jusqu’à laisser en nous s’affadir notre confiance et notre espérance en la puissance aimante de Dieu ; se ternir voire même se perdre dans les soucis et les vanités du présent le lien vivant de la prière et de la vie de foi qui nous unit à lui ; nous tourner vers l’idolâtrie d’autres « dieux » qui combleraient le manque et le vide que nous éprouvons alors et qui, sous la séduction apparente ne conduise à la fin qu’à leurres et malheurs ; de perdre de vue cette charité qui est la vocation même de tout disciple du Seigneur, noyée dans le déni de fraternité avec le plus pauvre et le plus pécheur, le plus proche et le plus lointain, et ce jusqu’à laisser s’endurcir nos cœurs et devenir de pierre alors qu’ils resteront toujours de chair… [1]

Oui, nous avons quarante jours pour laisser Jésus nous rejoindre tels que nous sommes en vérité, avec nos ombres et nos lumières. Il viendra à nous, n’en doutons pas, si nous savons lui laisser la place dans la prière au quotidien, seul et en communauté ; si nous savons nous tenir devant lui en pauvreté et vérité dans le jeûne et le partage du pain, mais aussi l’écoute et la parole respectueuses dues à tous ; si nous savons enfin nous faire proche et solidaire de toute blessure, toute souffrance.

Oui nous avons quarante jours pour nous convertir, changer de regard et découvrir que le Royaume de Dieu est déjà là, tout proche, comme le grain de blé semé en terre qui meurt mais germe et donne du fruit pour celui qui voudra prendre le chemin de pauvreté et de l’humble rencontre. Nous avons quarante jours pour découvrir comment Jésus nous sauve en vérité : en prenant sur lui toute aigreur et tout péché, en rejoignant et partageant la table avec les publicains et les pêcheurs plus qu’avec ceux qui estiment qu’ils n’ont pas besoin de conversion, en donnant sa vie à la croix pour tous, tous sans condition… par amour du Père.

Oui, cette année, apprenons tout de Lui ! Les méditations écrites par les membres du Centre Saint-Guillaume sont là pour vous accompagner sur ce chemin. Qu’elles nourrissent notre unité !

[1] Couverture : Vitrail de “la Visitation” de frère Eric de la Communauté de Taizé

ÉVANGILES ET MÉDITATIONS

Cher ami du Centre Saint-Guillaume, nous te proposons de prier avec l’Évangile du jour à l’aide de petites méditations rédigées par des membres de l’Aumônerie.

Avant de commencer, je peux me mettre en présence de Dieu avec une prière toute simple, on te propose par exemple :

  • De faire le signe de la Croix ou un autre geste
  • Puis de demander l’aide du Seigneur pour que ce temps soit une vraie rencontre avec Lui. « Donne-moi, Seigneur, un cœur large et généreux afin de m’ouvrir à Ta présence. »
  • De lire ensuite l’Évangile du jour ainsi que la méditation et reprendre les points qui peuvent t’aider dans ta prière. Tu peux même prendre avec toi un petit carnet et écrire ce que tu ressens.
  • Et surtout, on t’invite vraiment à faire de ce carnet de Carême TON carnet, n’hésite pas à surligner les passages qui te touchent, écrire, etc. On espère qu’il pourra t’aider dans ta préparation vers Pâques…


Bon carême !!

En union de prière,


l’équipe du carnet de Carême : Alexis, Cécile, Juliette

Merci à tous les contributeurs sans qui ce carnet n’aurait pas pu voir le jour ! Un grand merci à Matteo ; Sophie ; Bruno ; Marin ; Florian ; Camille ; Inès ; Arthur ; Julie ; Jeanne-Louise ; Pauline ; Ewenn ; Alexis ; Guilhem ; Hugo ; Hélène ; Marie R. ; François ; Laëtitia ; Charles ; Juliette ; Agathe ; Pierre ; Victor ; Cécile ; Théophile ; Blanche ; Clément ; Pierre de D. ; Octave ; Lucie ; Louise ; Chloé ; Gabrielle ; Clément ; Marie D. ; Judith ; Sixtine, et nos chers aumôniers Soeur Sabine, Père Alban et frère Ulises.

Qu’ils soient dans nos prières !

Mercredi des cendres – mercredi 22 février 2023

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu En ce temps- là, Jésus disait à ses disciples : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux- là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux- là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux- là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume- toi la tête et lave- toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra. » (Mt 6,1-6.16-18)

Dans cet évangile, Jésus nous donne à voir quelques préceptes du « bon chrétien » : générosité (aumône), prière et don de soi (jeûne). Ce sont des concepts récurrents que nous avons l’habitude de rencontrer dans la Parole de Dieu, si bien que nous les connaissons. Mais au cœur de l’évangile du jour, le Christ nous invite à réaliser ces actions « dans le secret ». Jésus nous exhorte à l’humilité. Il nous veut sincère. L’aumône, « sœur de la prière » pour Victor Hugo, ne peut être un vrai geste de générosité si l’on attend quelque chose en retour, si l’on fait « sonner les trompettes » ou si nous partageons nos bonnes actions sur les réseaux sociaux.

La prière, la vraie prière, est intérieure. « Fermer la porte » permet d’ouvrir son cœur et, finalement de s’ouvrir au monde et de le percevoir d’un œil neuf. Être chrétien dans notre monde du « paraître » et du « tout, tout de suite », c’est aussi savoir prendre du temps pour Lui gratuitement. Le jeûne, sous quelque forme que ce soit durant ce temps du Carême, ne doit pas devenir un moyen de se mettre en avant. Rappelons-nous que ce jeûne nous permet d’expérimenter, à notre échelle, les privations que d’autres vivent au quotidien. La moindre des choses est alors de se montrer humble face à une situation qui n’est, pour nous, que passagère et choisie. Jeûner, c’est retirer ce qui nous encombre, nous empêche d’être pleinement nous-mêmes, pour faire dans notre vie plus de place à Dieu. Jeûner en critiques, en écrans (films, séries…), en soirées mondaine…

« Ne soyez pas comme les hypocrites », au cœur faux, qui ne s’exécutent que pour se montrer, flatter leur égo. « Ceux-là ont reçu leur récompense » des hommes, dans le monde des hommes, alors que Jésus nous promet la récompense du Père qui nous voit dans le secret et sait sonder nos cœurs.

Finalement, durant ce temps du Carême et au-delà, nous sommes invités à agir et à nous mettre au service, non pas pour nous, mais pour les autres et pour Dieu qui, lui-même, « maître de l’univers, s’humilie pour nous, au point de se cacher dans une petite hostie de pain ». Soyons capables, nous aussi, à la suite du Christ, d’être humble et sincère dans tous les actes que nous posons.

Jeudi 23 février 2023 – Jeudi après les cendres

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? » (Lc 9, 22-25)

« Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même », « qu’il prenne sa croix chaque jour », « qu’il me suive ». Cet évangile a une signification toute particulière en ce début de carême, nous invitant à nous faire proche de Jésus pendant ces quarante jours précédant sa passion, sa mort et sa résurrection. Jésus nous explique ce qu’il va se passer. Il s’apprête à accepter toute la colère du monde, à souffrir et à mourir pour nous, par amour. On y perçoit ce qu’est l’amour le plus élevé, celui qui renonce à soi-même, qui se donne. Je m’interroge sur le « il faut » qui est employé par Jésus (« il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup »). Pourquoi le faut-il ? Nous pouvons nous poser la même question au sujet de nos traditionnels efforts de carême. Pourquoi ? Pourquoi eux ? Pourquoi les faut-il ? Quel sens ont-ils ? Est-ce par amour ? Par amour de qui ? L’objectif initial du carême est de nous rapprocher de Dieu et des autres. Enlever les mauvaises herbes, chasser les mauvaises habitudes qui nous empêchent d’être libres et avoir une bonne raison de le faire. Les trois piliers du carême peuvent nous y aider : prière, pénitence, charité.

Vendredi 24 février 2023 – vendredi après les cendres

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu. Alors les disciples de Jean le Baptiste s’approchent de Jésus en disant : « Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » Jésus leur répondit : « Les invités de la noce pourraient-ils donc être en deuil pendant le temps où l’Époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront. (Mt 9, 14-15)

Ici, les disciples de Jean le Baptiste demandent à Jésus la raison pour laquelle ses disciples ne jeûnent pas. La question est en effet pertinente puisque cette pratique est un symbole de pureté, de retour en soi jugé nécessaire à la pratique religieuse. Jésus répond en rapprochant l’inconvenance du deuil des invités à une noce, en présence de l’Epoux, à celle de ses disciples en sa présence.

D’ailleurs il faut noter qu’au moment où les disciples de Jean le Baptiste interrogent Jésus sur le jeûne, Jean le Baptiste est alors en prison. Leur « mise en deuil », via le jeûne, pourrait donc être légitimé. Mais Jésus leur rappelle que le Dieu qu’ils recherchent est là, présent sur Terre. Par conséquent, ils n’ont pas de raison d’être en deuil. Cependant adviendra un temps où les disciples du Christ devront jeûner : « des jours viendront où l’Epoux leur sera enlevé ». On remarque d’ailleurs par cette phrase que le Fils de Dieu nous annonce d’ores-et-déjà sa Passion…

Ce passage nous fait donc comprendre qu’il y a un temps pour tout : il y a des moments de joie, de fête mais aussi des moments de recueillement, de deuil, représentés ici par le jeûne. Et tous ces instants doivent être vécus pleinement. Il faut pratiquer le jeûne par amour pour Dieu, pour nourrir non pas son corps mais son âme. On peut faire le lien avec la formule de l’Ancien Testament : « Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel… » (Ec 3, 1).

Samedi 25 février 2023 – samedi après les cendres

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc Après cela, Jésus sortit et remarqua un publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts) du nom de Lévi assis au bureau des impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » Abandonnant tout, l’homme se leva ; et il le suivait. Lévi donna pour Jésus une grande réception dans sa maison ; il y avait là une foule nombreuse de publicains et d’autres gens attablés avec eux. Les pharisiens et les scribes de leur parti récriminaient en disant à ses disciples : « Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les pécheurs ? » Jésus leur répondit : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent. » (Lc 5, 27-32)

Ce passage d’Evangile nous rend témoins de la capacité du Christ à appeler celui qui est montré du doigt, déjà jugé. Est rappelé que nul n’est condamnable par nature, quand bien même pratique-t-il une activité dégradante relevant du péché. A travers cet exemple, c’est un appel à changer notre regard et à tendre la main, à aller au-delà des préjugés que nous avons les uns sur les autres. C’est aussi remettre en perspective notre identité, notre mission comme chrétien, auprès aux autres.

Ainsi, même le plus grand des pécheurs est digne d’être sauvé, est digne de recevoir la miséricorde de Dieu, et donc notre compassion, notre aide. Aussi, nul n’est hermétique à Dieu, c’est le cas d’un Lévi qui ne semble pas hésiter à se lever et rejoindre l’aventure d’une vie : Dieu. L’appel est irrésistible et la conversion immédiate.

Enfin, cet appel à la miséricorde n’a de sens que dans le don envers ceux qui en ont besoin. Les pauvres ne sont pas uniquement des nécessiteux d’ordre financier, mais aussi de l’ordre de l’esprit, ce sont les exclus, les rejetés. La charité n’est pas qu’une simple aumône, elle doit aussi se faire en un sens spirituel et elle appelle à la conversion. C’est cela la miséricorde. Ce que tu fais au plus petits, c’est au Christ que tu le fais (Mt. 25). Car en l’autre, particulièrement les petits, les pauvres, les exclus, vit et resplendit Dieu. Ayons ce regard d’espérance envers ceux que nous rencontrons et n’hésitons pas à aller vers eux comme Jésus le fit pour Lévi…

Dimanche 26 février 2023 – 1er dimanche de Carême

En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. » Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient. (Mt 4,1-11)

Ce passage de l’Évangile m’interpelle car le combat entre le Bien et le Mal se traduit par un dialogue direct, qui se finit de plus par l’abandon du Diable. C’est un passage auquel je pense régulièrement lorsque je suis confronté à une épreuve, de lutte contre une pratique malsaine. Je me rappelle la noblesse et la vérité qui transparaît dans les paroles du Christ.

Seigneur, aide nous à être la hauteur des combats spirituels qui nous sont imposés par ce monde et guide nous par l’Esprit Saint vers notre chemin de sainteté.

Lundi 27 février 2023 – 1ère semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ;il séparera les hommes les uns des autres,comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison…Quand sommes- nous venus jusqu’à toi ?” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche :“Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ;j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ;j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.” Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?” Il leur répondra :“Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits,c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.” Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. » (Mt 25, 31-46)

L’évangile selon Saint-Matthieu présente ce texte juste après la parabole des talents. La conclusion est la même : « Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents ! » (Mt 25, 30). Châtiment éternel, pleurs et grincements de dents, nous voilà prévenus en ce début de carême : le salut éternel et sa félicité sont non seulement une grâce à laquelle nous avons vocation à prendre part, mais encore la conséquence de nos choix quotidiens.

« C’est à moi que vous l’avez fait. » En effet, le fait que Dieu se soit incarné en un homme ne doit pas occulter qu’il demeure présent en tous les autres. Jésus s’identifie à ceux qui souffrent tout autant que l’humanité naquit de la figure du Père. Cette double identification de l’Homme à Dieu et de Dieu à l’Homme rend ce dernier libre, dès sa vie terrestre, de rejeter la divinité et se refusant toute humanité. C’est ainsi que l’évangile d’aujourd’hui nous invite à reconnaître Dieu dans l’Homme, exercice si difficile que même les justes, les « brebis », « les bénis de mon Père », n’ont pas su reconnaître Dieu.

Mardi 28 février 2023 – 1ère semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé. Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs. Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. (Mt 6, 7-15)

Dans sa lettre apostolique à l’occasion du 3ème millénaire, Saint Jean Paul II nous invite à mettre la prière au centre de nos vies car celle-ci serait « le secret d’un christianisme vraiment vital ». La prière nous permet de mettre Dieu au centre de nos vies, de cultiver notre relation avec lui pour ainsi faire grandir notre foi. Mais comment prier ?

A cette interrogation que les disciples se posaient également, Jésus nous apporte des pistes dans cet Evangile. « Le Notre Père » est la prière des chrétiens par excellence. Plus que de nous offrir un guide pour s’adresser à son Père, Jésus nous rappelle tout particulièrement de mettre notre confiance en Lui : « que ta volonté soit faite ». La prière serait donc un moyen de réaffirmer notre foi en Dieu, dans le fait qu’il nous connait et sait ce qui est bon pour nous.

Les trois premières demandes de cette prière que nous enseigne Jésus concernent Dieu lui-même : que ton nom, que ton règne, que ta volonté. Les quatre demandes suivantes sont formulées en « nous » et concernent nos besoins vitaux et notre vie fraternelle : la nourriture qui fait marcher vers son Royaume, le pardon reçu rendu possible par le pardon donné, le soutien pour refuser la tentation et la délivrance du péché. Dans ces sept demandes se trouvent rassemblés les deux grands commandements : l’amour de Dieu et celui du prochain.

Notre vie est ainsi remise entre les mains du Seigneur bien que nous ayons nous aussi notre part de travail à faire sur cette terre, à commencer par savoir pardonner. Dans quelques semaines, Jésus donnera sa vie pour nous sur la croix. Avec son dernier souffle, il trouvera la force de pardonner à ceux qui l’ont condamné et se confiera à son Père dans la prière. Alors, à la suite de Jésus, apprenons à pardonner à ceux qui nous ont offensé et, par la prière, à écouter les projets de Dieu pour nous.

Osons dire et vivre cette prière du Notre Père, ayons foi qu’elle nous transformera.

Mercredi 1er mars 2023 – 1ère semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc En ce temps-là, comme les foules s’amassaient, Jésus se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise : elle cherche un signe, mais en fait de signe il ne lui sera donné que le signe de Jonas. Car Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ; il en sera de même avec le Fils de l’homme pour cette génération. Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera en même temps que les hommes de cette génération, et elle les condamnera. En effet, elle est venue des extrémités de la terre pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici bien plus que Salomon. Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas. » (Lc 11, 29-32)

Dans l’Évangile du jour, le Seigneur s’adresse aux foules et leur dit : « cette génération est une génération mauvaise ; elle demande un signe, et de signe, il ne lui sera accordé́ que le signe de Jonas». Que dire du «signe de Jonas»? Le mot hébreu «Jonas» signifie « colombe ». Jonas est, donc, par excellence, le messager de la réconciliation avec Dieu, à l’instar de la colombe rapportant le rameau d’olivier à Noé. Soulignons également que Jonas est le seul petit prophète de la Bible qui commence par refuser la mission divine, sa fuite le conduit à passer trois jours et trois nuits dans le ventre du monstre marin, ce qui le rapproche du Christ dont la Pâque dure trois jours, ressuscitant d’entre les morts après être descendu aux enfers.

Ainsi sauvé de la noyade, il accepte sa mission et se rend à Ninive, nation païenne, pour annoncer aux habitants la destruction de leur ville. Le roi de Ninive décide un jeûne, pour tous les Ninivites ainsi que le bétail, ils sont ainsi pardonnés et sauvés par Dieu.

De la même manière que les Ninivites ont attendu Jonas, le signe, pour croire en Dieu, la foule exige une preuve avant de reconnaitre Jésus. Il la met en garde et invite chacun à examiner son propre cœur et à laisser entrer la vraie lumière. Jésus lui-même est le signe le plus puissant, il est « bien plus que Jonas », de même qu’il est « bien plus que Salomon », car il est la pleine révélation du Père, venu pour sauver les hommes.

L’Evangile du jour mène à réfléchir sur notre propre conversion, changement de cœur pour recevoir les paroles de salut que Jésus prêche et résurrection dans la vie nouvelle du baptême. La reine de Saba est venue des extrémités de la terre pour écouter la sagesse de Salomon, là où le peuple d’Israël refuse le message de Jésus qui se tient juste à coté de lui. Sommes-nous comme cette foule qui doute et refuse de croire sans connaitre ou accueillons- nous vraiment les paroles du Christ qui guident notre vie et nos volontés ? L’histoire de Jonas est consolatrice, il est appelé́ par Dieu et débute de manière déplorable, effrayé par ce qu’Il lui demande. Il crie vers Lui et il est écouté, sauvé et pardonné par la miséricorde Divine, rappelé pour accomplir sa mission. Nous pouvons, comme Jonas, être appelés à devenir des instruments par lesquels la volonté́ de Dieu s’accomplit. Il est encore temps d’agir, si nous n’avons pas mis tout notre cœur à l’action.

Seigneur, donne-moi des yeux pour reconnaître les témoins de Ta présence et un cœur ouvert pour prendre conscience de Ton action dans ma vie.

Jeudi 2 mars 2023 – 1ère semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira. Ou encore : lequel d’entre vous donnera une pierre à son fils quand il lui demande du pain ? ou bien lui donnera un serpent, quand il lui demande un poisson ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ! Donc, tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes. (Mt 7, 7-12)

Dans cet évangile, le Seigneur nous invite à avoir la foi de lui demander dans la prière ce que nous désirons. En effet, parler à Jésus, prier et le supplier de nous aider est une preuve d’amour et de confiance pour lui. Lui sait ce qui est bon pour nous et est heureux de pouvoir agir comme un père qui aide son enfant, comme un ami qui aide un de ses amis.

Lui parler, lui demander des choses revient aussi à chercher Dieu. On comprend aussi dans ce texte que si l’on cherche Dieu avec persévérance, on finira par le trouver. Il est tout près de nous et attend que nous l’appelions, que nous soyons ouverts à lui pour venir agir dans notre vie. Il nous laisse libres et veut d’abord notre « oui » pour nous rencontrer.

La parole « vous qui êtes mauvais » peut nous interroger de la part de Jésus mais il veut peut-être souligner par là notre nature imparfaite contrairement à celle de Dieu, qui n’est qu’amour. Nous sommes capables du Bien comme aimer nos proches et leur donner avec joie ce qu’il leur faut. Cependant, il est parfois difficile pour nous d’aimer comme Dieu. Nous avons du mal à aimer ceux qui nous dérangent, qui nous blessent, qui sont différents. Jésus dans cet évangile nous invite à aimer comme Dieu, inconditionnellement. Il nous demande de faire ce que nous aimerions que les autres fassent pour nous, d’« aimer notre prochain comme nous-mêmes », ce qui suppose que nous nous aimions déjà nous-mêmes.

Ainsi, pour pouvoir aimer les autres, nous devons apprendre à nous aimer nous-mêmes ce qui nous est permis grâce à l’amour infini de Dieu pour nous. Si je sais que Dieu m’aime d’un amour infini, que je suis une merveille à ses yeux, alors je peux me regarder avec un regard qui reconnaît mes qualités et accepte mes zones d’ombre. En apprenant à m’aimer et à aimer Dieu en le louant, je peux aimer mes frères et sœurs, chaque personne que je rencontre en la regardant comme une merveille. Aimer les autres peut passer par un don matériel, un sourire, une parole de bénédiction ou d’encouragement.

Aujourd’hui, dans ma prière je rends grâce au Seigneur de m’avoir créé et de m’aimer infiniment, je lui demande quelque chose avec confiance et je souris gratuitement à quelqu’un dans ma journée.

Vendredi 3 mars 20223 – 1ère semaine de carême

Je vous le dis en effet : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. » Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu. Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. (Mt 5, 20-26)

Dans ce passage de l’évangile de Matthieu, Jésus nous invite à faire de la réconciliation et de la justice le cœur de notre foi. La justice, nous dit Jésus, ne doit pas seulement se prononcer quand il y a crime ou offense majeure (celle « des scribes et des pharisiens », mais dès que nous offensons notre prochain, fut-ce en paroles. Dès lors, il nous faut nous réconcilier avec autrui afin de nous présenter avec un cœur bon, sincère et ouvert au Christ lorsque nous le prions. Jésus nous demande d’offrir notre amour envers ceux avec qui nous sommes en conflit, avant de lui offrir cet amour.

Ce travail de réconciliation doit être mené sans relâche dans nos vies. Cela est d’autant plus nécessaire lorsque les conflits se rencontrent à tous les étages de la société. La spirale de la violence arrive vite. Aller se réconcilier, reconnaître sa faute, n’est-ce pas un acte d’humilité qui va à l’encontre de ce que prône la société. Saint Paul vit ce renversement : « c’est quand je suis faible que je suis fort ». Demander pardon et accorder son pardon telle est l’invitation pressant de Jésus. Lui-même nous montrera le chemin de la réconciliation qui passe par la croix. « Père, pardonne-leur ils ne savent pas ce qu’ils font. » telles sont les dernières paroles d’amour du Christ en croix pour les hommes.

Payer cette dette, pour reprendre l’analogie avec l’argent faite ci-dessus, est plus qu’un acte de bonté envers les autres, c’est une manifestation vivante du Christ, qui va bien plus loin que la justice réparatrice rendue au nom de la collectivité.

Samedi 4 mars 2023 – 1ère semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. (Mt 5, 43-48)

Dieu de miséricorde, tu ne cesses de nous montrer les preuves inamissibles de ton amour éternel.

Donne-nous de le garder, de le chérir, de le comprendre et de le méditer.

Aide-nous à reconnaître ta présence dans nos actions quotidiennes. Que la manifestation extraordinaire de ton amour résonne en nous et qu’elle nous fasse grandir dans la foi.

Montre-nous la perfection de ton amour, pour que nous puissions, toujours plus en accord avec toi, effacer nos ressentiments pour mieux aimer notre prochain.

Permet-nous de nous pardonner, pour que nous puissions plus justement aimer ceux que tu nous donne de rencontrer.

Appelle-nous au renouvellement du don de ton fils, par l’engagement de notre personne au service de ceux dans le besoin.

Guide-nous sur nos chemins de foi. Apprend-nous à accepter la lumière de ton amour et à aimer comme tu nous aimes.

« Les ténèbres ne peuvent pas chasser les ténèbres ; seule la lumière peut le faire. La haine ne peut pas chasser la haine ; seul l’amour peut le faire » -Martin Luther King.

Dimanche 5 mars 2023- 2ème dimanche de Carême

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! » Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul. En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. » (Mt 17,1-9)

La Transfiguration, c’est la manifestation de la nature divine de Jésus devant ses disciples, révélée par la brillance surnaturelle de son visage et la lumière blanche émanant de ses vêtements. C’est aussi Dieu le Père qui descend en nuée, elle aussi lumineuse, sur Pierre, Jacques et Jean. Cet événement peut être compris comme la volonté du Seigneur de préparer le coeur de ses disciples à surmonter l’épreuve de la croix, que Jésus annonce : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. » Révéler sa nature divine à ses disciples devrait leur faire comprendre la portée de cette dernière phrase, et leur donner confiance dans le projet du Père.

Mais comment ne pas s’identifier aux apôtres et s’interroger sur ce que leur Maître disait là comme le retranscrit Marc « Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».» (Marc, 9, 10). Pour nous aussi, il nous paraît parfois difficile de comprendre le mystère pascal parce que celui-ci est une vérité inaccessible à la raison.

 Comment ne pas non plus se retrouver dans la réaction de Pierre, qui souhaite construire trois tentes pour Jésus, Moïse et Élie afin de pouvoir les garder auprès des hommes ? Seulement, Dieu ne se manifeste que comme une « nuée lumineuse » et Jésus est de nouveau sous sa forme humaine : « Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul. ».

Au temps de Carême, ce passage nous invite finalement à nous mettre à l’écart suite à l’appel de Jésus, à le suivre dans un endroit reculé mais qui nous appelle à nous élever, pour mieux nous laisser approcher et toucher par Lui. Nous pouvons imaginer le geste que le Seigneur a utilisé pour appuyer sa parole : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! » : a-t-Il touché la tête, ou plutôt l’épaule, de Pierre Jacques et Jean lorsqu’il s’est approché d’eux ? Quant à nous, même si nous n’avons pas eu la chance de vivre le Christ comme ses apôtres, comment Jésus nous touche-t-Il dans passage de la Transfiguration ? Laissons-nous envelopper de la nuée lumineuse et baigner de la lumière émanant du Christ en ce temps de réflexion.

Lundi 6 mars 2023 – 2ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. » (Lc 6, 36-38)

Le Christ nous invite ici, nous, enfants du même Père, à agir comme on souhaiterait que Dieu agisse envers nous lors du jugement dernier. Par un jeu de miroir, le Seigneur désire qu’on essaye, sans relâche et avec persévérance, d’imiter l’amour de Dieu, qui s’incarne, se définie, par la Miséricorde infinie que le Père a envers nous. Il commence par une exhortation à rejeter le mal, les inclinaisons humaines qui nous éloignent de Dieu. En effet tout ce qui crée une distance avec autrui, éloigne de Dieu lui-même. Ainsi dit le Seigneur : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,40). Pardonnez et donnez, deux mots à peu près semblables que le Christ nous donne comme devise de vie. Le don de la charité est le signe de reconnaissance du chrétien véritable.

Esprit Saint, envoie pendant ces 40 jours de Carême, la grâce de la miséricorde. Souffle sur nous un feu d’amour et de conversion. Que nous sachions à la suite du Christ, ni juger ni condamner, mais au contraire pardonner et donner, pour être nous aussi, des Apôtres de miséricorde et de paix. « Seigneur fais de moi un instrument de ta paix » (St François d’Assise)

Mardi 7 mars 2023 – 2ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu Alors Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples, et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maître, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. (Mt 23, 1-12)

Le carême est un temps de retraite intérieure, un chemin personnel que nous choisissons d’emprunter librement pour se préparer à la passion du Christ et à la joie de sa Résurrection. Ce temps de cheminement est donc propice pour mettre Dieu au centre de nos vies en écoutant sa parole et en agissant en conformité avec celle-ci. Vaste programme pour ces quelques semaines ! Mais nous ne sommes pas seuls : Jésus nous guide en nous mettant en garde contre les écueils de l’orgueil et de la vanité. Il nous invite en effet dans cet Evangile à nous détacher du regard des autres et à rechercher la gloire de Dieu et non celle des hommes. Dès lors, l’obsession du paraître des scribes et des pharisiens semble bien dérisoire face aux grâces divines et à la grandeur de Dieu, notre seul maître.

Chemin faisant, Jésus nous rappelle également que nous sommes tous frères dans le Christ. Le temps de carême est donc aussi une invitation à voir dans les autres le visage de Dieu, à déceler leurs talents et ainsi chercher à voir plus loin que les apparences.

Ayons donc le courage de cheminer librement vers le Seigneur et de chercher à se mettre dans ses pas dans nos actions et paroles.

Mercredi 8 mars 2023 – 2ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu Montant alors à Jérusalem, Jésus prit à part les Douze disciples et, en chemin, il leur dit : « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort et le livreront aux nations païennes pour qu’elles se moquent de lui, le flagellent et le crucifient ; le troisième jour, il ressuscitera. » Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils Jacques et Jean, et elle se prosterna pour lui faire une demande. Jésus lui dit : « Que veux-tu ? » Elle répondit : « Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume. » Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » Ils lui disent : « Nous le pouvons. » Il leur dit : « Ma coupe, vous la boirez ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé par mon Père. » Les dix autres, qui avaient entendu, s’indignèrent contre les deux frères. Jésus les appela et dit : « Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20, 17-28)

Peut-on tout exiger de Dieu ? Peut-on demander à Dieu ? Deux questions proches mais différentes à la fois… Pourquoi semble-t-il remettre en question la demande de la mère des fils de Zébédée. « Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à gauche, dans ton Royaume. ». Il agit ici comme un frère, un ami et non comme “les chefs des nations” ou comme “ceux qui se comportent en maître”. Il nous montre le chemin à suivre et nous encourage à le prendre, à vaincre le doute qui nous envahit à certains moments de notre vie.

Donne-nous d’appréhender les épreuves présentes et futures avec humilité et foi. Donne-nous de suivre ton enseignement.

Jeudi 9 mars 2023 – 2ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui. Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. – Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.” Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !” Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! – Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.” Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” (Lc 16, 19-31)

Dans ce texte, le personnage de Lazare est le seul directement nommé, comme dans les autres paraboles chez Luc. Étymologiquement, il signifie Dieu Secouru. Nous pouvons être saisis par l’abondance des contrastes dans ce texte. Il faut faire attention à la place qui pourrait être donnée à Lazare dans le texte. Ce texte ne nous appelle pas à trouver une raison à la maladie et à la pauvreté de Lazare. Nous ne sommes pas dans une théologie dite de la « rétribution » (assez binaire : faire le bien = être récompensé). Il ne faut pas penser que l’homme est responsable du bien dont il bénéficie ou du mal qu’il subit. En cela, cette parabole vise les bien-pensants de l’époque : les Pharisiens.

Ce texte représente donc un appel à l’humilité : nous pourrions tous être à la place de Lazare, et ce même si actuellement nous sommes plutôt identifiables au riche. Il est néanmoins important de voir que le riche n’est pas pour autant condamné dans le texte, il ne va pas en enfer parce qu’il est riche, mais pour ses actions. Ainsi, on comprend qu’il n’y a évidemment pas de mal à être riche, mais le comptage pour la vie éternelle réside dans la manière avec laquelle nous avons utilisé notre argent.

Pour Dieu, les pauvres vont au royaume directement, et le message du texte devient assez facile à saisir, comme le commandement de l’Évangile, il faut aimer son prochain.

Nous pouvons prier avec ce texte pour les gens dans le besoin, et également prier pour la conversion des riches, et le fait qu’ils puissent se mettre à la place de Lazare.

Vendredi 10 mars 2023 – 2ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu “Écoutez une autre parabole : Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne. Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais on les traita de la même façon. Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : “Ils respecteront mon fils.” Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : “Voici l’héritier : venez ! tuons- le, nous aurons son héritage !” Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. » Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits.” En entendant les paraboles de Jésus, les grands prêtres et les pharisiens avaient bien compris qu’il parlait d’eux. Tout en cherchant à l’arrêter, ils eurent peur des foules, parce qu’elles le tenaient pour un prophète.  (Mt 21, 33-43.45-46)

L’Évangile de ce jour paraît à première vue violent voire même choquant mais on peut y lire et comprendre quelque chose de plus. La Bonne Nouvelle d’aujourd’hui nous offre deux analogies à méditer. En effet, le rapport le plus frappant que nous pouvons établir c’est de voir dans les serviteurs les prophètes et dans le fils Le Fils de Dieu, le Seigneur qui vient nous sauver. Ainsi, ces vignerons peuvent symboliser les cœurs endurcis qui ont refusé d’écouter les Prophètes et maintenant d’accueillir Jésus.

En allant plus loin, nous pouvons établir un rapport avec notre propre vie. En effet, combien de fois avons-nous, refusé d’écouter la Parole de Dieu, avons-nous blessé Jésus et ceux qui l’annonçaient ? Combien de fois avons-nous offensé notre Sauveur en nous fermant à la vérité, le bien, l’amour ?

Cet évangile n’a pas simplement une double analogie, il contient surtout un double appel que le Christ nous lance et auquel il est possible de répondre en s’appuyant sur notre histoire personnelle et ecclésiale.

De fait, le premier appel est celui qui nous pousse à nous occuper de la vigne, à être des vignerons qui mettent leur vie au service du jardin pour qu’il porte du fruit en abondance. Le second appel est justement de ne pas faire comme les vignerons qui se croient détenteurs de ce que Dieu leur a donné, qui se croient plus forts que le maître. Cet appel doit être celui qui nous ouvre les yeux et qui nous engage à faire ce que les vignerons n’ont pas fait : reconnaître Dieu et lui rendre grâce des talents qu’ils nous donne à multiplier.

Ainsi, en reconnaissant Dieu au cœur de nos vies, nous pourrons lui en remettre les fruits : les fruits de la vigne mais aussi nos cœurs, uns et entiers, engagés à servir avec le Christ pour faire grandir son règne déjà à l’œuvre en ce monde.

Samedi 11 mars 2022 – 2e semaine de Carême

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite- moi comme l’un de tes ouvriers.” Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.” Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer. Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.” Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !” Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” » (Lc 15,1-32)

L’Evangile du jour nous transmet son enseignement à travers une parabole. Celle-ci met en parallèle deux figures métaphoriques : le père de famille, symbolisant la miséricorde divine, et le fils ainé comme attitude incarnée des pharisiens et de leur raideur. On retient deux leçons de l’histoire contée par Jésus. Premièrement, l’importance du pardon et de la repentance envers Dieu. On apprend que si le pêcheur admet avoir pêché et qu’il décide de revenir dans le droit chemin, alors les portes lui seront grandes ouvertes et il sera pardonné. Comme le Seigneur nous le dit, reconnaître ses péchés et les confesser est une telle grâce qu’elle nous fait passer du trépas à la vie, de l’errance à la restauration de notre amour pour Dieu. Ce passage de la Bonne Nouvelle nous montre aussi les résultats positifs de la demande de pardon à nos proches. Le second fils, dans une démarche honnête de repentance envers son père, lui demanda de le renier. Son père, s’apercevant de la franchise de celui-ci, ne pu que lui témoigner amour et joie, et organisa alors une grande fête.

Seigneur Dieu, conduit nous sur le chemin de la repentance et affirme notre foi en toi, afin que nos actions te soient toujours agréables. De même, donne-nous la force de demander pardon à nos proches pour nos mauvais agissements, afin que nos liens familiaux en soit renforcés. Amen.

Dimanche – 12 mars 2023 – 3ème dimanche de Carême – 1er scrutin

En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » – En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions. La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. » Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. » Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en a eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. » La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !… Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. » À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? » La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui. Entre-temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. » Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. » Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? » Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : ‘Encore quatre mois et ce sera la moisson’ ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur. Il est bien vrai, le dicton : ‘L’un sème, l’autre moissonne.’ Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. » Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »

Un long texte, que les chrétiens des premiers temps de l’Église ont percçu comme révolutionnaire : un Juif parle à une non-juive ; un Dieu qui a soif ; une femme immorale qui ose tenir tête au Messie ; un dialogue qui s’appuie sur le deuxième degré quant à sa signification : l’eau, l’esprit, le mariage, la prière… toute la vie humaine résumée dans un tel passage qui aboutit à cette annonce : la promesse d’adorer en esprit et en vérité. Et le résultat de cette promesse : « nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. » Nous pouvons en tirer profit pour regarder notre vie et comment nous témoignons de la vérité : à quelle vérité la relation que nous avons Jésus nous-conduit-elle ?

Ce texte est lu au deuxième scrutin, c’est-à-dire au moment où ceux qui vont être illuminés au baptême vivent un moment de discernement (scrutare) devant le Christ qui vient se révéler comme la vérité de leur vie. Prions pour Jeanne-Louise, Judith et Charles-Antoine qui seront baptisés lors de la Vigile de Pâques à Saint-Ignace avec le CSG. Qu’ils osent dialoguer avec Jésus comme la Samaritaine, qu’ils osent demander ce dont ils besoin, qu’ils accueillent le don de Dieu, qu’ils soient eux-mêmes « adorateurs en esprit et vérité ».

Lundi 13 mars 2023 – 3ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc Dans la synagogue de Nazareth, Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. (Lc 4, 24-30)

Après son retour du désert, Jésus avait pris l’habitude de se rendre dans la synagogue pour le Sabbat. Ce jour-là, il lut un passage du livre du prophète Isaïe, et annonça l’accomplissement de l’Ecriture. Or les nazaréens, pensaient le connaitre, lui le charpentier, fils de Joseph et ne reconnurent pas le Messie en lui. La colère transforme la foule qui menace de précipiter Jésus du haut d’une colline.

Nous-mêmes n’aurions-nous pas douté en entendant Jésus pour la première fois ? Nous avons, pour la plupart, eu la chance de connaitre le Seigneur par nos familles qui nous ont transmis leur foi. Mais ils nous arrivent toujours de douter.

On voit une nouvelle fois que le Seigneur ne se fonde pas sur les catégories et jugements humains. Comme Saint Paul l’avait dit : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ. » (Galates 3:28). Le Christ ne voit pas en la veuve et Naaman des étrangers, qui seraient exclus du Salut, mais au contraire, un homme et une femme prêts à l’accueillir. Quelle que soit son origine, voyons-nous en chaque personne rencontrée un enfant de Dieu ou préférons nous céder aux préjugés ?

Être membre du « Peuple élu » ne garantit pas le Salut. Nous qui avons reçu la foi, sommes-nous prêts à L’accueillir réellement et à accepter sa Parole ?

Nous pourrions également nous demander, qui sont aujourd’hui les prophètes de notre temps. De par notre baptême, nous sommes tous appelés à être prophètes, et à annoncer la Bonne nouvelle. Jésus est chassé de chez lui. En étant conscient des difficultés de témoigner au quotidien, l’affirmation « aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays » ne doit pas nous décourager. « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin ». Le Seigneur malgré le rejet de ses proches, continue sereinement son chemin jusqu’à la Croix pour nous dire de quel amour Dieu nous aime et pour nous sauver.

Mardi 14 mars 2023 – 3ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu En ce temps- là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.” Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !” Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.” Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi- même j’avais eu pitié de toi ?” Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. » (Mt 18, 21-35)

Comme bien souvent dans son enseignement, Notre Seigneur nous invite ici à être « parfaits comme votre Père Céleste est parfait » (Mt 5 : 48), à aller plus loin dans son imitation pour notre salut et celui du monde. Nous devons être le reflet de Sa Miséricorde inépuisable et pardonner toujours les offenses qui nous sont faites. Si les exégètes enseignent souvent que la multiplication du chiffre parfait dans ce passage sous-entend de la part de Notre Seigneur qu’il ne veut pas de limite à notre pardon, une lecture littérale du texte parait déjà insurmontable. En effet il nous faudrait pardonner 490 fois, soit pardonner à un de nos frères qui récidiverait chaque jour contre nous seize mois durant. Qui d’entre nous ne l’aurait pas déjà maudit et répudié sans le moindre remord ? Pourtant nous le devons bien, à nos frères certes, mais surtout au Père Céleste qui chaque jour nous donne à voir de nos yeux l’ampleur de sa bonté. Il nous est possible à nous chrétien d’aller chaque mois, chaque semaine, chaque jour s’il le faut, nous confesser et recevoir l’absolution de nos péchés. Miséricorde si admirable de Dieu qu’« Il n’y a point d’ailleurs de crime si grand et si horrible, qui ne puisse être effacé par le sacrement de Pénitence, non seulement une fois, mais deux fois, mais toujours. » (Catéchisme du Concile de Trente, XXI, IV). N’enfouissons pas le salaire que nous avons reçu dans le sol, comme de mauvais ouvriers, mais faisons-le fructifier en étant chaque jour des exemples de charité et de miséricorde. Notre Seigneur nous rappelle dans cet évangile Sa Bonté devant les doux comme Sa Dureté devant les cœurs froids, non pas par un manque d’Amour de Sa part mais parce que les cœurs endurcis se seront damnés eux-mêmes. Gardons toujours à l’esprit que la mesure que nous utilisions sera utilisée pour nous (Marc 4 : 24).

      Mais si le sacrement de pénitence nous rétablit en état de grâce, comme dit saint Jean Chrysostome, « ce n’est pas assez d’arracher la flèche du corps, il faut de plus guérir la blessure qui a été faite par la flèche ». Le temps du Carême n’est-il pas le temps pour cette guérison. Comment mettre du baume là où se trouve les meurtrisses ? Prière, aumône, jeûne sont autant de remèdes pour hâter la guérison.

Mercredi 15 mars 2023 – 3ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : avant que le ciel et la terre disparaissent, un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise. Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. » (Mt 5, 17-19)

Jésus, tu es venu sur Terre pour accomplir la Loi d’Amour que Dieu avait donnée à Moïse. Cette Loi tu l’as accomplie au prisme de tes actes d’Amour dont tes rencontres avec les plus exclus et démunis que la Loi des Hommes condamnée. Tes actions ont ensuite été réprimées par les Hommes. Ils ont décrété que tu ne respectais leur loi alors que tu étais venu accomplir celle de ton père. Tu as été l’exégèse de l’amour de ton père donné pour les Hommes. Cette Loi c’est ensuite à nous que tu l’as confié. Il nous incombe de la respecter et de la diffuser au monde entier. Seigneur, donne-nous de ne pas nous laisser distraire de cette belle et grande mission qui nous ai donné. Donne-nous de repousser toujours nos frontières pour transmettre ton message de Paix et d’Amour au plus grand nombre.

Jeudi 16 mars 2023 – 3ème semaine de carême

En ce temps-là, Jésus expulsait un démon qui rendait un homme muet. Lorsque le démon fut sorti, le muet se mit à parler, et les foules furent dans l’admiration. Mais certains d’entre eux dirent : « C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il expulse les démons. » D’autres, pour le mettre à l’épreuve, cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel. Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : « Tout royaume divisé contre lui-même devient désert, ses maisons s’écroulent les unes sur les autres. Si Satan, lui aussi, est divisé contre lui-même, comment son royaume tiendra-t-il ? Vous dites en effet que c’est par Béelzéboul que j’expulse les démons. Mais si c’est par Béelzéboul que moi, je les expulse, vos disciples, par qui les expulsent-ils ? Dès lors, ils seront eux-mêmes vos juges. En revanche, si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous. Quand l’homme fort, et bien armé, garde son palais, tout ce qui lui appartient est en sécurité. Mais si un plus fort survient et triomphe de lui, il lui enlève son armement, auquel il se fiait, et il distribue tout ce dont il l’a dépouillé. Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. » (Lc 11,14-23)

Dans cet Évangile, Jésus Christ nous parle de l’importance de l’unité : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, celui qui ne rassemble pas avec moi disperse ». Ses paroles sont pour nous et pour l’Eglise.

On note que la division est en fait un obstacle à la reconnaissance des oeuvres de Dieu, manifestées ici par un miracle. Elle nous détourne donc de notre vocation à rendre grâce et adorer Dieu. Cet Évangile replace alors les querelles au sein de l’Eglise dans cette optique. La vraie priorité dont découle toutes choses est Notre Seigneur. Par Lui nous sommes sanctifiés, et par Lui jaillit notre vie intérieure qui se manifeste par les œuvres.

« Tout royaume divisé devient un désert ».

Seigneur, nous Vous prions pour Votre Église et particulièrement pour le successeur de Pierre. Qu’ils soient saints à Votre image. Seigneur, apprenez-nous à rendre grâce pour vos bontés.

« Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait » (PS 115)

Vendredi 17 mars 2023 – 3e semaine de carême

En ce temps-là, un scribe s’avança vers Jésus pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger. (Mc 12,28-34)

Dans ce passage le scribe vient vers Jésus, il l’interroge car il est à la recherche d’une vérité. Jésus répond non pas par des interdictions ou des obligations mais en formulant un commandement où l’amour est au centre. Cela nous invite à considérer l’amour du Dieu et de notre prochain comme fondement et raison d’être de toutes les lois. Ce verbe d’aimer renvoie aussi à une notion forte d’engagement plein et entier à l’image du Christ qui ira jusqu’à donner sa vie pour nous sauver. 

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Parfois on est tenté de se délaisser soi-même pour se mettre au service des autres ou bien parce qu’on est trop occupé par les affaires de la vie quotidienne. Jésus nous rappelle que pour véritablement aimer notre prochain nous devons commencer par nous aimer nous-mêmes. Mais cet amour de soi n’est pas un repli narcissique, au contraire, c’est une action de grâce pour tout ce que Dieu fait pour nous. Entendons en écho ce que proclame Marie dans le Magnificat : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles, Saint est Son nom ». 

Jésus nous invite dans d’autres passages d’Evangile à aimer non seulement notre frère ou notre prochain mais aussi nos ennemis. Cela nous semble humainement impossible, alors nous pouvons demander à Dieu qu’Il nous donne la force de vouloir du bien à ceux qui nous rejettent ou qui nous ignorent, et, de prier pour eux en ce temps de carême. Confions à Dieu ceux qui nous sont difficile à accepter et demandons la force de l’Esprit Saint pour aimer comme Jésus nous aime.

Samedi 18 mars 2023 – 3ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.” Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! ”Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » (Lc 18,9-14)

Qui Dieu élèvera-t-Il au rang de Juste ?

Des deux hommes priant en eux-mêmes au Temple, lequel sera élevé au rang de Juste ? Le pharisien pieux et fidèle à la Loi, convaincu d’être juste ou le publicain, pêcheur et honteux qui « n’osait même pas lever les yeux vers le Ciel » et « se frappait la poitrine » implorant la pitié et le pardon du Seigneur ?

Jésus ne vient pas pour sauver les justes mais les pécheurs.

Dans l’intimité et le silence de la prière, Il reconnait les humbles et les pauvres de cœur. Seule la conscience profonde de ces deux hommes qui nous est invisible les distingue aux yeux du Christ. Le pécheur obtient la grâce du Christ car « le cri de la conscience qui inquiète le publicain le rend capable de sentiments de vérité et d’amour. Jésus peut troubler les pécheurs ! », nous enseigne Benoît XVI.

Dans ce passage de l’Evangile, Jésus nous invite à nous regarder et à regarder les autres avec un regard de miséricorde et de vérité comme Il nous regarde. « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé ». Alors chers amis, reconnaissons devant nos frères et devant Dieu que nous avons péché. Demandons à Dieu de troubler notre conscience et de nous juger non selon nos péchés mais selon la sincérité de nos intentions et de notre conscience.

Dimanche 19 mars 2022- 4ème dimanche de Carême – 2e scrutin

En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance. Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler. Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait. Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est bien moi. » Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? » Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : ‘Va à Siloé et lave-toi.’ J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. » Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. » On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle. Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir. Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. » Parmi les pharisiens, certains disaient : « Cet homme-là n’est pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés. Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. » Or, les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme avait été aveugle et que maintenant il pouvait voir. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’à présent il voie ? » Les parents répondirent : « Nous savons bien que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle. Mais comment peut-il voir maintenant, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. » Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ. Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! » Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. » Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. » Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? » Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? » Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. » L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » Ils répliquèrent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors. Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui. Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous aveugles, nous aussi ? » Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’, votre péché demeure. » (Jn 9,1-41)

Ce texte est sans nul doute l’un des extraits les plus célèbres du Nouveau Testament. Cette histoire, connue de tous, est celle d’un aveugle-né, rejeté par beaucoup, à qui Jésus, un jour de Shabbat, redonne la vue. Tel Lazare ressuscité, cet épisode relève du miracle. La vue, métaphore de la lumière perdue dans les ténèbres, est retrouvée grâce à la seule force de la conversion. D’une part, il s’agit de s’évader de la « pression sociale » à laquelle est soumise à l’aveugle lorsqu’on lui demande de renier le miracle. D’autre part, ce texte révèle le Christ comme fils de Dieu. Il est capable d’un miracle dépassant la raison. Plus encore, l’évènement se révèle éclatant par son message : la boue donne la vue, alors que la seule eau ne peut rien seule.

La tradition antique semble plutôt hostile à la boue et aux porcs. Héraclite ne disait-il pas lui-même que « les porcs se complaisent dans la fange plutôt que dans l’eau pure », manière péremptoire d’affirmer la saleté de la boue, et par extension de ce qui moralement impur, sont à rejeter. Nombreux sont ces successeurs, parmi les juifs et philosophes à s’inscrivent dans cette continuité. Plotin lui aussi, alors en pleine polémique avec les premiers chrétiens, évoque une impureté symbole de péché, argument repris par la suite par les chrétiens. Le porc dans la boue, le porc dans l’impureté ou le péché absolu. Or, l’aveugle de Siloé ne peut-il pas être lui aussi cet animal que l’on estime perdu ? Le fait est que le Christ ne le catégorise pas par nature, lui qui est né ainsi. Plus que juger et condamner, ce que rappelle l’ouverture du texte (« Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle »), il opère une véritable révolution théologique : l’impur est digne de Dieu. Chacun est digne d’être aidé, sauvé et aimé, pourvu qu’il accepte le baptême. Et indignes sont ceux qui refusent de tendre la main, de faire preuve d’empathie. Tout cela est donc rendu possible par l’amour.

Parce que la conversion est plus forte que tout, elle permet de passer outre les traditions. Le shabbat n’est plus l’alpha et l’oméga, dès lors qu’on a trouvé Dieu, parfois grâce à l’aide d’autrui.

De fait, cette révolution, puisqu’il s’agit d’un véritable renversement, nous invite à réfléchir sur notre rapport aux autres et donc à Dieu. C’est une invitation à suivre le chemin du Christ. Chrétien, nous devons nous inspirer de lui et suivre son chemin. Nous pouvons être à la fois Jésus, mais aussi l’aveugle. Il nous faut être capable de donner cette aide à l’autre, sans pour autant oublier notre propre limite, et le besoin de réaffirmer notre baptême au long de notre vie.

C’est sur ce message que je souhaite terminer cette méditation. Même aveugle, il est possible de retrouver le chemin de la vue si l’on accepte de croire, et à travers cette lumière, celle de Dieu, c’est une renaissance que vivons. Plus encore, c’est une nouvelle genèse. Au commencement Dieu lui-même a créé l’homme à partir de la boue. Accepter de recevoir la lumière, c’est renaître.

C’est aussi salvateur dans nos vies contemporaines. Par la force d’un baptême renouvelé et entretenu, nous ravivons la flamme, lumière éternelle, alors même que le temps, les aléas, l’existence, peuvent venir l’épuiser. Privé de ce rayon, il est alors plus facile de s’égarer sans s’en rendre compte. Toutefois, l’espoir est de mise : face à la fatalité – l’aveugle n’aurait jamais dû retrouver la vue – il ne faut jamais baisser les bras. Le baptême et ses prolongements, charité, prière, sont notre exécutoire, notre salut. Le cierge offert au baptisé, finalement, ne s’éteint jamais.

Lundi 20 mars 2023 – Saint Joseph, époux de la Vierge Marie

Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ. Or, voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement,décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit: « Joseph, fils de David,ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit. (Mt 1, 16.18-21.24)

Cet extrait de l’évangile nous montre l’engagement de Joseph auprès de Dieu et le risque qu’il prend en prenant Marie chez lui. A ce moment précis, Joseph décide de s’abandonner à l’amour du Seigneur et de se laisser accompagner par lui.

Pendant ce temps de Carême, ne craignons pas d’accueillir le Christ. Comme Joseph, faisons le choix, avec la seule certitude de son amour pour nous, de recentrer le Seigneur dans nos vies, comme Joseph, faisons le choix du plan de Dieu.

Ce passage de Saint Matthieu nous invite aussi à penser aux trois qualités de Saint Joseph dont il témoigne lorsqu’il surmonte une terrible épreuve, épreuve ressentie comme une injustice incompréhensible et bouleversante. Ayant subi une humiliation et une blessure profondes et personnelles, Joseph décide de ne pas faire de sa fiancée, la femme qu’il aime, l’objet d’une disgrâce publique. Il vainc donc la peine de l’injustice par sa première qualité : la magnanimité. Il résoudre de se séparer de Marie en secret, néanmoins –mais après avoir été informé par Dieu dans un songe que l’enfant a été conçu par l’Esprit Saint, il revient sur sa décision dans une acte d’humilité en face de la volonté de Dieu – preuve de sa deuxième qualité. Et en dernier lieu, cet Évangile manifeste la serviabilité de Joseph, sa troisième qualité, ce qui lui permet de poursuivre sa mission de vie dans la foi, l’espérance et l’amour de Dieu. Prenons Saint Joseph durant cette semaine de carême comme guide de magnanimité (grandeur d’âme, générosité de cœur), d’humilité et de serviabilité.

Mardi 21 mars 2023 – 4ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean À l’occasion d’une fête juive, Jésus monta à Jérusalem. Or, à Jérusalem, près de la porte des Brebis, il existe une piscine qu’on appelle en hébreu Bethzatha. Elle a cinq colonnades, sous lesquelles étaient couchés une foule de malades, aveugles, boiteux et impotents. Il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans. Jésus, le voyant couché là, et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps, lui dit : « Veux-tu être guéri ? » Le malade lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. » Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton brancard, et marche. » Et aussitôt l’homme fut guéri. Il prit son brancard : il marchait ! Or, ce jour-là était un jour de sabbat. Les Juifs dirent donc à cet homme que Jésus avait remis sur pied : « C’est le sabbat ! Il ne t’est pas permis de porter ton brancard. » Il leur répliqua : « Celui qui m’a guéri, c’est lui qui m’a dit : “Prends ton brancard, et marche !” » Ils l’interrogèrent : « Quel est l’homme qui t’a dit : “Prends ton brancard, et marche” ? » Mais celui qui avait été rétabli ne savait pas qui c’était ; en effet, Jésus s’était éloigné, car il y avait foule à cet endroit. Plus tard, Jésus le retrouve dans le Temple et lui dit : « Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver quelque chose de pire. » L’homme partit annoncer aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri. Et ceux-ci persécutaient Jésus parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat. (Jn 5, 1-16)

Encore une fois, il est assez facile de passer à côté d’un évangile dès lors qu’il est connu et entendu, mais non pas écouté.

D’abord, sa dynamique est similaire à nombre d’évangiles et reposent sur un paradoxe : se plonger dans une piscine partagée par les malades. Or, celui que Jésus vient aider arrive à se relever par sa seule force, par la seule injonction du Fils de Dieu. Réellement malade était-il ? il est permis d’en douter. Seulement, il lui fallait trouver le courage et la force, ici donnée par Dieu. Cette rencontre est rendue possible par la volonté : ici le désir de guérir. Il faut vouloir pour se rapprocher de la loi de Dieu et accéder à sa miséricorde. Il faut aussi savoir se laisser et guider. On ne peut accomplir un miracle seul, celui-ci n’a d’ailleurs de sens que dans le collectif. Il nous fait être libre et volontaire pour laisser Dieu agir en nous, et en nous pour les autres. Le sommes-nous vraiment ? Discernons.

      Ensuite, la seconde partie du texte fait écho au dialogue. La conscience de l’homme guéri le jour du Shabbat ne s’explique que par la rencontre faite quelque temps plus tard au Temple avec Jésus. Ce dernier lui rappelle sa mission : « Ne pèche plus, il pourrait t’arriver quelque chose de pire ». ici, l’évangile prend toute sa puissance. Le péché d’apathie est dangereux, et ce texte est une mise en garde. Comme le rappelle le Pape François, le malade aurait dû abandonner sa couche et exulter de joie. Au contraire, il l’emporte avec lui, comme un souvenir, comme un palliatif si le mal devait revenir. Il faut parfois, pour rencontrer pleinement le Christ, accepter la bousculade de notre prochain, une petite douleur salvatrice, pour nous ramener à la vie pleine et entière. La foi est un sport de combat, qui demande de l’entraînement.

Mercredi 22 mars 2023 – 4ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean En ce temps-là, après avoir guéri le paralysé un jour de sabbat, Jésus déclara aux Juifs : Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre. » C’est pourquoi, de plus en plus, les Juifs cherchaient à le tuer, car non seulement il ne respectait pas le sabbat, mais encore il disait que Dieu était son propre Père, et il se faisait ainsi l’égal de Dieu. Jésus reprit donc la parole. Il leur déclarait : « Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui montrera des œuvres plus grandes encore, si bien que vous serez dans l’étonnement. Comme le Père, en effet, relève les morts et les fait vivre, ainsi le Fils, lui aussi, fait vivre qui il veut. Car le Père ne juge personne : il a donné au Fils tout pouvoir pour juger, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui ne rend pas honneur au Fils ne rend pas non plus honneur au Père, qui l’a envoyé. Amen, amen, je vous le dis : qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie. Amen, amen, je vous le dis : l’heure vient – et c’est maintenant – où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. Comme le Père, en effet, a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir, lui aussi, la vie en lui-même ; et il lui a donné pouvoir d’exercer le jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme. Ne soyez pas étonnés ; l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix ; alors, ceux qui ont fait le bien sortiront pour ressusciter et vivre, ceux qui ont fait le mal, pour ressusciter et être jugés. Moi, je ne peux rien faire de moi-même ; je rends mon jugement d’après ce que j’entends, et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas à faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. » (Jn 5, 17-30)

Ecoutez, croyez et vous serez sauvés. Tel semble être le message que veut nous transmettre Jésus dans cet Evangile. Ne serait-ce donc pas une vraie Bonne Nouvelle ? On raconte souvent que celui qui possède la foi peut transporter des montagnes, mais la foi en Jésus et en notre Père est bien plus puissante : elle nous sauve des Ténèbres, elle apporte la vie éternelle.

Ce chemin vers la vie éternelle que nous propose de suivre Jésus à sa suite n’est pas le plus aisé. Conserver la foi peut devenir une épreuve quand notre quotidien familier ou différentes tentations nous éloignent de Dieu silencieusement. Dès lors que nous ne sommes plus à son écoute, que nous ne prenons plus le temps d’entretenir cette relation pourtant si spéciale, il devient plus difficile de voir l’œuvre de Dieu dans nos vies. Pourtant, il est là, toujours fidèle, nous attendant et prêt à nous accueillir malgré tous nos égarements, comme le père de la parabole du fils prodigue ouvre les bras à son fils qu’il croyait perdu.

Alors peut-être que ce temps de carême est vraiment le temps pour se mettre à l’écoute de Dieu et se laisser surprendre par son action…

Jeudi 23 mars 2023 – 4ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean En ce temps-là, Jésus disait aux Juifs :  « Si c’est moi qui me rends témoignage, mon témoignage n’est pas vrai ; c’est un autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu’il me rend est vrai. Vous avez envoyé une délégation auprès de Jean le Baptiste, et il a rendu témoignage à la vérité. Moi, ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage, mais je parle ainsi pour que vous soyez sauvés.Jean était la lampe qui brûle et qui brille, et vous avez voulu vous réjouir un moment à sa lumière. Mais j’ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean : ce sont les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir ; les œuvres mêmes que je fais témoignent que le Père m’a envoyé.  Et le Père qui m’a envoyé, lui, m’a rendu témoignage. Vous n’avez jamais entendu sa voix, vous n’avez jamais vu sa face, et vous ne laissez pas sa parole demeurer en vous, puisque vous ne croyez pas en celui que le Père a envoyé. Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez y trouver la vie éternelle ; or, ce sont les Écritures qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !  La gloire, je ne la reçois pas des hommes ; d’ailleurs je vous connais : vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu. Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; qu’un autre vienne en son propre nom, celui-là, vous le recevrez ! Comment pourriez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ? Ne pensez pas que c’est moi qui vous accuserai devant le Père. Votre accusateur, c’est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance.  Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est à mon sujet qu’il a écrit. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ? » (Jn 5, 31-47)

Nous avons ici la fin de l’histoire de la guérison du paralytique à Bethzatha un jour de sabbat (début du chapitre 5), qui a scandalisé les pharisiens. Notre Seigneur soulève un grave paradoxe : ceux qui « scrutent » le plus l’Ecriture et connaissent le mieux la loi de Moïse, sont pourtant incapables de le reconnaître. Or, tout l’Ancien Testament annonce la venue du Messie, comme Jésus l’explique lui-même aux disciples d’Emmaüs (Lc 24, 18-35). Qu’est-ce qui peut aveugler les pharisiens à ce point ?! Deux pistes : Jésus leur reproche de ne « pas avoir l’amour de Dieu en eux » et de recevoir « leur gloire les uns des autres » alors que, comme le dit saint Paul : « celui qui veut être fier, qu’il mette sa fierté dans le Seigneur » (1 Co 1, 31).

Retenons également que ce qui atteste que le Fils est l’envoyé du Père, ce sont ses œuvres. Nous pouvons rendre témoignage de la même manière. Certes, nous ne faisons pas (tous) des miracles aussi éclatants que Jésus, entre guérisons, délivrances et résurrections. Mais par notre foi mise en actes, une ardente charité, une attention infinie portée à nos frères, une gentillesse à toute épreuve, une joie communicative, une vraie humilité, … par toutes ces œuvres, nous rendons témoignage à l’amour de Dieu. Quand nous nous mettons ainsi au service, quand nous vivons de cet amour, soyons convaincus que Dieu agit à travers nous et, par surcroît, que sa présence grandit en notre cœur.

Vendredi 24 mars 2023 – 4e semaine de carême

Évangile de Jésus-Christ selon Saint Jean. En ce temps-là, Jésus parcourait la Galilée : il ne voulait pas parcourir la Judée car les Juifs cherchaient à le tuer. La fête juive des Tentes était proche. Lorsque ses frères furent montés à Jérusalem pour la fête, il y monta lui aussi, non pas ostensiblement, mais en secret. On était déjà au milieu de la semaine de la fête quand Jésus monta au Temple ; et là il enseignait. Quelques habitants de Jérusalem disaient alors : « N’est-ce pas celui qu’on cherche à tuer ? Le voilà qui parle ouvertement, et personne ne lui dit rien ! Nos chefs auraient-ils vraiment reconnu que c’est lui le Christ ? Mais lui, nous savons d’où il est. Or, le Christ, quand il viendra, personne ne saura d’où il est. » Jésus, qui enseignait dans le Temple, s’écria : « Vous me connaissez ? Et vous savez d’où je suis ? Je ne suis pas venu de moi-même : mais il est véridique, Celui qui m’a envoyé, lui que vous ne connaissez pas. Moi, je le connais parce que je viens d’auprès de lui, et c’est lui qui m’a envoyé. » On cherchait à l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui parce que son heure n’était pas encore venue. (Jn 7, 1-2.10.14.25-30)

À travers cet évangile, nous sommes d’abord invités à la réflexion sur notre connaissance de Dieu. Le texte de Saint Jean nous invite à repenser avec humilité ce que nous croyons savoir du Père dont Jésus dit qu’il est celui “que vous ne connaissez pas”. Cette part de caché nous amène également à prêter attention à la discrétion et au dévouement total d’un fils envoyé par le Père pour accomplir sa volonté. Puissions-nous aussi nous sentir appelés et poussés par un Dieu qui nous fait confiance. Nous pouvons enfin prêter une attention particulière aux mises à l’épreuve que Jésus rencontre, alors qu’il commémore, lors de la fête des Tentes, une autre traversée du désert. Que son amour du prochain jusque dans la résistance aux menaces nous aident à accueillir l’autre, le semblable ou l’inconnu, sans violence ni peur, comme un frère.

Samedi 25 mars 2023 – Annonciation du Seigneur – Solennité du Seigneur

En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Alors l’ange la quitta. (Lc 1, 26-38)

Nous découvrons dans cet évangile l’émotion et l’humble étonnement de la Vierge Marie devant l’annonce de l’Ange Gabriel. Marie en sa grande pureté « a trouvé grâce auprès de Dieu », pour porter son Fils Jésus. Croire en la virginité de Marie est un acte de foi : la science ne nous permet pas de dire le « comment » de la résurrection, ni le « comment » de la conception de Jésus. Marie elle- même dans le récit de l’Annonciation, quand l’ange lui dit qu’elle enfantera un fils, pose la question : « Comment cela se fera-t-il ? » Ainsi que Marie, reposons notre confiance en Dieu, et disposons notre cœur à l’humble accueil de son Fils, et du message de la révélation. Nous pouvons également prendre conscience de l’immensité de l’annonce de l’Ange : Dieu nous donne son Fils pour se faire homme, c’est-à-dire l’un de nous. Source de notre dignité humaine, l’homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Dieu, par son Fils Jésus, va prendre chair et ainsi signifier à l’homme cette place si particulière en la création. Il va vivre notre condition, jusqu’à mourir pour nous sur la croix, donnant alors une valeur inouïe à notre dignité. Ce temps de carême nous conduit jusqu’au sacrifice de Jésus sur la croix, le vendredi saint, et à l’espérance de la résurrection de Pâque. Humblement, devant le mystère de l’incarnation du Christ, nous pouvons accueillir avec confiance la vérité de l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous.

Dimanche 26 mars 2023 – 5ème semaine de carême – 3e scrutin

En ce temps-là, il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur. Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. C’était son frère Lazare qui était malade. Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? » Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Jésus avait parlé de la mort ; eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil. Alors il leur dit ouvertement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! » Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! » À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une distance de quinze stades (c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –, beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. » Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. » Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus. Il n’était pas encore entré dans le village, mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer. Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui. (Jn 7, 40-53)

Foi, espérance et charité. Saint Jean choisit la résurrection de Lazare pour nous enseigner les trois vertus théologales, des guides pour l’Homme dans sa relation au monde et à Dieu. L’évangéliste se sert de l’unité des trois vertus – dont les chemins se croisent et s’entremêlent au fil du texte – pour illustrer l’unité de la Trinité, un mystère qui demeure difficile à saisir. Père, Fils, et Saint Esprit font Un, comme foi, charité et espérance ne font qu’Une dans le Christ.

Où les trouve-t-on alors dans le texte ? La foi d’abord, car ici elle déplace des montagnes, ou plutôt elle ressuscite des morts. Les deux sœurs ne se posent pas de question, dès le début elles appellent Dieu à leur secours. Car oui, comme l’écrit Jean, Marthe croit déjà que Jésus est le Christ. Sa foi est grande, son espérance nous bouleverse. « Je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera » ou encore « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ ». Et pourtant lorsqu’elle prononce ses paroles, son cher frère vient de mourir. La tristesse qu’elle connait doit être immense. Or, Marthe ne se met pas en colère contre Jésus, elle ne l’accuse pas pour son absence. Elle vient à sa venue, elle lui redit sa foi. Pourrions-nous en faire de même dans les moments de détresse ? Désirons en nos cœurs la foi et l’espérance de Marthe.

Saint Jean ne se satisfait des deux premières vertus, il nous propose d’opter pour les trois. L’évangéliste parle de charité, un amour tendu vers le Seigneur et le prochain. Pour ce faire, il n’écrit pas « Jésus aimait la famille de Marthe » mais bien « Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare ». Car l’amour de Dieu est à la fois infini et unique pour chacun d’entre nous. Grâce à la charité, cherchons à aimer notre prochain – quel qu’il soit – comme Dieu nous aime.

Dans le récit de la résurrection de Lazare, les trois vertus s’incarne de manière parfaite en Jésus. Lui qui est pleinement Homme et pleinement Dieu, Il aime Lazare, Il demande à son Père Céleste, et porte la résurrection dans le foyer endeuillé. Charité, foi, espérance. À l’image Jésus, l’appel des chrétiens est de cultiver les trois vertus pour aller vers la Lumière. « Si quelqu’un marche le jour, il ne bute pas car il voit la lumière de ce monde. Si il marche la nuit, il bute, parce que la lumière n’est pas en lui ». Jean rapporte ces phrases, non pour parler de la pluie et du beau temps. Il souhaite transmettre le message du Christ : son appel à être la lumière du monde. Car si nous sommes la Lumière, alors nous n’aurons plus besoin de celle de ce monde pour avancer, la Lumière sera en nous ! La résurrection de Lazare offre un condensé du message du Dieu incarné, venu sur terre pour nous guider sur le chemin de la vie éternelle. Oui, demandons à Dieu de nous aider à grandir en foi, en espérance et en charité pour que nous soyons Lumière dans le monde.

Lundi 27 mars 2023 – 5ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » (Jn 8, 1-11)

Comment voir ce texte différemment de toutes les analyses qu’on en a déjà faites ? Comment continuer à s’émerveiller de la beauté de ce texte après l’avoir tant entendu ?

Un bon moyen est sans doute de se voir soit dans le récit et de réfléchir à la place que l’on pourrait occuper. Comme Jésus est sans péché, pour moi c’est mort. Je m’évertue cependant de commettre des péchés trop importants. Ainsi il est probable que je me retrouverais avec les scribes (peu probable je ne sais pas écrire) et avec les pharisiens.

Il faut reconnaître que d’un point de vue purement normatif je ne suis pas en tort, je souhaite appliquer la loi. Cependant une application purement mécanique reviendrait à ne pas utiliser ce dont Dieu m’a doté : une conscience, une liberté d’action et l’amour. Alors aujourd’hui il semble important qu’avant de ne penser qu’au droit pur, à la simple maximisation rationnelle des profits ou d’un bien-être collectif, nous pensions avant tout avec amour à notre prochain. C’est l’amour du prochain et de l’ensemble de l’humanité qui doit nous guider dans nos décisions.

Il ne faut cependant pas tomber dans l’écueil qui consisterait à être complètement aveuglé par l’amour et ne plus réussir à faire la différence entre le bien et le mal. Il faut savoir voir le mal et le reconnaître afin de le combattre, le combattre par l’amour, en combattant, conseillant et soutenant ceux qui viendraient à se faire manipuler par le mal. Mais il faut aussi réussir à voir et à discerner son propre péché. Et, comme le firent les pharisiens et les scribes, commencer par s’occuper de son propre péché avant de se charger de celui des autres. Une fois son péché identifié il faut savoir être pardonné, car il n’existe pas de péché trop grand pour Dieu. Malgré tout il faut savoir accepter ce pardon et repartir comme la femme adultère, dans l’idée de ne plus pécher.

Mardi 28 mars 2023 – 5ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean En ce temps-là, Jésus disait aux Pharisiens : « Je m’en vais ; vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Là où moi je vais, vous ne pouvez pas aller. » Les Juifs disaient : « Veut-il donc se donner la mort, puisqu’il dit : “Là où moi je vais, vous ne pouvez pas aller” ? » Il leur répondit : « Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous, vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. C’est pourquoi je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés. En effet, si vous ne croyez pas que moi, JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés. » Alors, ils lui demandaient : « Toi, qui es-tu ? » Jésus leur répondit : « Je n’ai pas cessé de vous le dire. À votre sujet, j’ai beaucoup à dire et à juger. D’ailleurs Celui qui m’a envoyé dit la vérité, et ce que j’ai entendu de lui, je le dis pour le monde. » Ils ne comprirent pas qu’il leur parlait du Père. Jésus leur déclara : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS, et que je ne fais rien de moi-même ; ce que je dis là, je le dis comme le Père me l’a enseigné. Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. » Sur ces paroles de Jésus, beaucoup crurent en lui. (Jn 8, 21-30)

Jésus nous dit : « Moi, JE SUIS. » Il reprend les mots du Seigneur à Moïse dans le buisson ardent : c’est clair, Jésus est Dieu. Il ajoute que si nous ne croyons pas en Lui nous mourrons, car nous sommes de ce monde et Lui n’est pas de ce monde. En effet, s’IL EST, Le choisir c’est choisir la Vie, et choisir le monde c’est choisir la mort. « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS. » Jésus nous annonce sa Passion et nous révèle que c’est par sa mort sur la croix et sa résurrection par son Père que nous obtenons la foi, et donc le Salut. Quel scandale pour la raison que Dieu choisisse de s’incarner et de mourir pour sauver le genre humain et lui donner la vie !

Pendant le Carême, nous essayons de mourir au monde pour ressusciter dans le Christ. Il nous a montré le chemin avec sa Passion et la Pâque, n’ayons pas peur et gardons notre regard tourné vers la Croix !

Mercredi 29 mars 2023 – 5ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean En ce temps-là, Jésus disait à ceux des Juifs qui croyaient en lui : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »  Ils lui répliquèrent : « Nous sommes la descendance d’Abraham, et nous n’avons jamais été les esclaves de personne. Comment peux-tu dire : “Vous deviendrez libres” ? »  Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : qui commet le péché est esclave du péché. L’esclave ne demeure pas pour toujours dans la maison ; le fils, lui, y demeure pour toujours. Si donc le Fils vous rend libres, réellement vous serez libres. Je sais bien que vous êtes la descendance d’Abraham, et pourtant vous cherchez à me tuer, parce que ma parole ne trouve pas sa place en vous. Je dis ce que moi, j’ai vu auprès de mon Père, et vous aussi, vous faites ce que vous avez entendu chez votre père. »  Ils lui répliquèrent : « Notre père, c’est Abraham. » Jésus leur dit : « Si vous étiez les enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham. Mais maintenant, vous cherchez à me tuer, moi, un homme qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de Dieu. Cela, Abraham ne l’a pas fait. Vous, vous faites les œuvres de votre père. » Ils lui dirent : « Nous ne sommes pas nés de la prostitution ! Nous n’avons qu’un seul Père : c’est Dieu. »  Jésus leur dit : « Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez, car moi, c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens. Je ne suis pas venu de moi-même ; c’est lui qui m’a envoyé. » (Jn 8, 31-42)

Le texte d’aujourd’hui invite à réfléchir sur la liberté. En nous enseignant que la vérité nous rendra libres, Jésus rappelle également que celle-ci résulte d’une connaissance de Sa parole. En effet, c’est dans un premier temps en connaissant les commandements, puis en lisant les paraboles, les béatitudes, les vies de Saints et tous ces exemples mis sur notre route pour nous guider que nous saurons reconnaître le péché dans nos vies. Comment savoir si nous vivons dans la vérité, et donc si nous sommes réellement libres sans même savoir ce que Dieu attend de nous, et sans faire d’examen de conscience régulier? Ce texte n’est donc pas un appel à écouter passivement la parole de Dieu le dimanche à la messe, mais bien à exercer notre intelligence et notre conscience à distinguer le bien du mal pour toujours se positionner du côté de la vérité. C’est effectivement du mal qu’il s’agit, car « qui commet le péché est esclave du péché ». Ça tombe bien, le Carême est un temps idéal pour remettre en question nos quotidiens, en particulier les péchés que nous commettons à répétition et dont nous ne pensons pas être capables de nous défaire. C’est un temps qui nous est offert pour oser la radicalité, pour oser couper court à ce qui nous éloigne du Christ.

Il ne s’agit cependant pas d’une mission impossible, puisque nous ne sommes jamais seuls. Jésus nous appelle à prendre nos responsabilités vis à vis de nos actions, non pas à penser que nous avons la force de suivre seuls ce chemin exigeant: « Si donc le Fils vous rend libres, réellement vous serez libres ». Lorsque nous sommes prêts à abandonner, demandons au Christ de nous rendre libre. Et si nous avons fauté, osons demander Son pardon avec humilité et Sa force pour nous remettre en route.

Jeudi 30 mars 2023 – 5ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean En ce temps-là, Jésus disait aux Juifs : « Amen, amen, je vous le dis : si quelqu’un garde ma parole, jamais il ne verra la mort. » Les Juifs lui dirent : « Maintenant nous savons bien que tu as un démon. Abraham est mort, les prophètes aussi, et toi, tu dis : “Si quelqu’un garde ma parole, il ne connaîtra jamais la mort.” Es-tu donc plus grand que notre père Abraham ? Il est mort, et les prophètes aussi sont morts. Pour qui te prends-tu ? » Jésus répondit : « Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites : “Il est notre Dieu”, alors que vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais et, si je dis que je ne le connais pas, je serai comme vous, un menteur. Mais je le connais, et sa parole, je la garde. Abraham votre père a exulté, sachant qu’il verrait mon Jour. Il l’a vu, et il s’est réjoui. » Les Juifs lui dirent alors : « Toi qui n’as pas encore cinquante ans, tu as vu Abraham ! » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : avant qu’Abraham fût, moi, JE SUIS. » Alors ils ramassèrent des pierres pour les lui jeter. Mais Jésus, en se cachant, sortit du Temple. (Jn 8, 51-59)

A la suite d’Abraham, le texte nous rappelle que l’Alliance de Dieu est destinée à chacun d’entre nous, que c’est en gardant sa Parole que nous sommes proches de Lui et que la vie éternelle se révèlera alors. La mort humaine se trouve balayée et apparaît insignifiante avec les propos de Jésus. Les Juifs présents à cet instant ne sont pas en position de garder sa Parole car ils ne s’ouvrent pas à ce qu’ils entendent. Ils ne considèrent pas que l’homme qui se tient à côté d’eux est Dieu venu s’incarner parmi les hommes et Jésus, par son enseignement, tente d’initier un chemin de conversion. Les Juifs restent sourds à cet appel de croire sans voir et dans la prière. Et les actes de violence qu’ils entament à l’égard du Fils de Dieu paraissent choquants.

Pourtant ne serait-ce pas aussi une situation à laquelle tout croyant risque d’être confronté ? Rejeter, parfois sans le vouloir, la parole de Dieu. Ne pas se mettre réellement à l’écoute et ainsi se détourner de l’enseignement destiné à amorcer le chemin vers la vérité et la vie éternelle. Ce texte rappelle la parole de Jésus à Thomas : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Et dans cet épisode, c’est en recevant l’Esprit Saint que Thomas reconnaît que le Christ est bien vivant et qu’il est son sauveur.

Ainsi n’hésitons pas à demander à l’Esprit Saint d’ouvrir nos cœurs en ce temps de carême afin d’accueillir pleinement la parole et la promesse du Seigneur.

Vendredi 31 mars 2023 – 5ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean En ce temps-là, de nouveau, des Juifs prirent des pierres pour lapider Jésus. Celui-ci reprit la parole : « J’ai multiplié sous vos yeux les œuvres bonnes qui viennent du Père. Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me lapider ? » Ils lui répondirent : « Ce n’est pas pour une œuvre bonne que nous voulons te lapider, mais c’est pour un blasphème : tu n’es qu’un homme, et tu te fais Dieu. » Jésus leur répliqua : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ? Elle les appelle donc des dieux, ceux à qui la parole de Dieu s’adressait, et l’Écriture ne peut pas être abolie. Or, celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde, vous lui dites : “Tu blasphèmes”, parce que j’ai dit : “Je suis le Fils de Dieu”. Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, continuez à ne pas me croire. Mais si je les fais, même si vous ne me croyez pas, croyez les œuvres. Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père. » Eux cherchaient de nouveau à l’arrêter, mais il échappa à leurs mains. Il repartit de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où, au début, Jean baptisait ; et il y demeura. Beaucoup vinrent à lui en déclarant : « Jean n’a pas accompli de signe ; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. » Et là, beaucoup crurent en lui. (Jn 10, 31-42)

« Si je ne fais pas les œuvres de mon père continuez à ne pas me croire, mais si je les fais, même si vous ne me croyez pas, croyez en mes œuvres »

En ces temps-là, les juifs cherchaient à lapider Jésus puisqu’Il se présentait en tant que fils de Dieu. Dans cette tourmente et colère, ils en oubliaient les bonnes actions que Jésus produisait.

Le Christ fit alors un choix important. Il leur laissa la liberté. Liberté de croire ou de ne pas croire en lui. Dieu nous fait d’abord ce cadeau-là, il nous laisse notre liberté. Nous pouvons choisir de faire le mal ou le bien.

Mais n’y a-t-il pas une autre chose à retenir ? La présence de Dieu ne se manifeste-t-elle pas tous les jours, dans notre quotidien, dans de petits détails ? Ne trouvez-vous pas des signes de sa présence dans le sourire d’un voisin ? Dans la bienveillance de l’autre ou, lorsque même avec beaucoup de retard, vous arrivez à prendre votre train ? La présence de Dieu est partout. Les miracles dans nos vies sont ces signes de vie, de paix, d’espérance que nous pouvons accueillir ou refuser… Tachez donc d’ouvrir les yeux et de voir les miracles qu’il nous offre.

La parole de Dieu ne peut nous être imposée. Si nous ne sommes pas disponibles à la recevoir, nul ne vous en voudra. Pour autant, quand vous le chercherez, vous pouvez être sûrs qu’Il se tiendra bien là, devant vous.

Samedi 1er avril 2023 – 5ème semaine de carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean En ce temps-là, quand Lazare fut sorti du tombeau, beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui. Mais quelques-uns allèrent trouver les pharisiens pour leur raconter ce qu’il avait fait. Les grands prêtres et les pharisiens réunirent donc le Conseil suprême ; ils disaient : « Qu’allons-nous faire ? Cet homme accomplit un grand nombre de signes. Si nous le laissons faire, tout le monde va croire en lui, et les Romains viendront détruire notre Lieu saint et notre nation. » Alors, l’un d’entre eux, Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit : « Vous n’y comprenez rien vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. » Ce qu’il disait là ne venait pas de lui-même ; mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ; et ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. À partir de ce jour-là, ils décidèrent de le tuer. C’est pourquoi Jésus ne se déplaçait plus ouvertement parmi les Juifs ; il partit pour la région proche du désert, dans la ville d’Éphraïm où il séjourna avec ses disciples. Or, la Pâque juive était proche, et beaucoup montèrent de la campagne à Jérusalem pour se purifier avant la Pâque. Ils cherchaient Jésus et, dans le Temple, ils se disaient entre eux : « Qu’en pensez-vous ? Il ne viendra sûrement pas à la fête ! » Les grands prêtres et les pharisiens avaient donné des ordres : quiconque saurait où il était devait le dénoncer, pour qu’on puisse l’arrêter. (Jn 11, 45-57)

Alors que la tension monte à Jérusalem et que les Pharisiens ne parlent que d’arrestation et de mort, Jésus va se retirer dans une ville à l’écart pour y prier et se reposer. Il préfère ne pas exciter la colère des grands-prêtres, mais leur donne au contraire encore la possibilité de se convertir.

Il se retire donc à Éphraïm, ville qui porte le nom du second fils de Joseph et de sa femme égyptienne Asnath. Jacob, le père de Joseph, avait béni Éphraïm avec sa main droite, privilège qui aurait dû être réservé à Manassé le frère aîné. C’est un des nombreux signes de l’Ancien Testament qui annoncent que l’aîné perdra son privilège en faveur du benjamin, que la nation élue sera remplacée par toute l’humanité. En se rendant dans ce village avant sa Passion, Jésus nous montre donc qu’il est prêt à apporter le Salut à tous les peuples.

En ce temps de Carême où nous nous préparons à Pâques, comme les Juifs le firent autrefois, pensons à purifier non seulement l’extérieur de la coupe, mais aussi l’intérieur. Les Pharisiens étaient purs selon la Loi, mais non selon la charité puisqu’ils méditaient des paroles de mort. Au contraire, retirons-nous dans la prière afin de purifier notre âme pour Pâques.

Dimanche 2 avril 2023 – Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc  En ce temps-là, Jésus partit en avant pour monter à Jérusalem. Lorsqu’il approcha de Bethphagé et de Béthanie, près de l’endroit appelé mont des Oliviers, il envoya deux de ses disciples, en disant : « Allez à ce village d’en face. À l’entrée, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous demande : ‘Pourquoi le détachez-vous ?’ vous répondrez : ‘Parce que le Seigneur en a besoin.’ »  Les envoyés partirent et trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit. Alors qu’ils détachaient le petit âne, ses maîtres leur demandèrent : « Pourquoi détachez-vous l’âne ? » Ils répondirent : « Parce que le Seigneur en a besoin. » Ils amenèrent l’âne auprès de Jésus, jetèrent leurs manteaux dessus, et y firent monter Jésus. À mesure que Jésus avançait, les gens étendaient leurs manteaux sur le chemin. Alors que déjà Jésus approchait de la descente du mont des Oliviers, toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus, et ils disaient : «Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! »  Quelques pharisiens, qui se trouvaient dans la foule, dirent à Jésus : « Maître, réprimande tes disciples ! » Mais il prit la parole en disant : « Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » (Lc 19, 28-40)

Nous venons de lire un Evangile long et chargé, comprenant parmi les plus grands mystères de notre foi : de l’institution de l’Eucharistie à la mort du Christ sur la Croix. Ce texte ne saurait être commenté dans son entier : le lire, l’analyser, le comprendre, l’intérioriser pour vivre ces mystères est l’œuvre d’une vie.

Prions pour que ce soit l’œuvre de notre vie. 

De la conversion de Saint Ignace de Loyola, l’écrivain François Sureau écrit : « Il n’était pas accablé par sa conscience seule mais surtout par cet amour du Crucifié pour tous les hommes, un amour qu’il avait bafoué (…) Les crachats sur la Sainte Face étaient les siens. Il avait flagellé le Sauveur et planté les clous dans ses poignets. Il avait ri devant le Calvaire. Malgré cela, le Christ était venu le chercher. » Nous avons tous à un moment ou à un autre, voire dans de nombreux moments, bafoué l’amour du Christ en croix, ri devant le Calvaire et trahi Son amour. Certains se sont éloignés de Lui plus que d’autres mais où que nous ayons été, le Christ est venu nous chercher, tous, chacun, un par un.

Prenons un moment pour prendre conscience que ce sont nos péchés qui ont crucifié le Christ, prenons conscience de nos trahisons et demandons-lui pardon. 

Ayons confiance et, comme Sainte Faustine, voyons « dans la Passion du Seigneur tout un océan de Miséricorde. » 

Prenons également conscience de la patience de Dieu, prenons conscience des moments dans lesquels Il est venu nous chercher et remercions-le pour cela. 

Nous pouvons également méditer la Passion à la lumière de cette phrase de C.S. Lewis « Lorsque le Christ est mort, il est mort pour chacun d’entre vous comme si vous étiez le seul homme [femme] au monde. » Nous disons trop souvent « Le Christ est mort pour nous, le Christ est mort pour nos pêchés, pour que nous soyons sauvés » mais nous ne disons pas assez qu’« Il est mort pour moi, pour mes pêchés, pour que je sois sauvé.e. » Avons-nous, chacun, individuellement, véritablement conscience de Son Amour ? Avons-nous conscience que si nous étions la seule personne sur terre à avoir besoin de rédemption, le Christ aurait accepté la même passion, aurait accepté les mêmes souffrances et les mêmes humiliations décrites dans le texte que nous venons de lire ? 

Prenons un moment, pour lui dire notre amour et notre reconnaissance. 

Souvenons-nous également qu’Il a souffert et qu’Il est mort pour chaque personne qui nous entoure, chaque personne que nous rencontrons, à qui nous parlons ou à qui nous ne parlons pas, celles que nous aimons et celles que nous avons du mal à aimer. De toute notre vie, jamais nous ne regarderons dans les yeux de quelqu’un que Dieu n’a pas aimé au point de mourir pour lui sur une croix. 

Prenons un moment pour le supplier de nous apprendre à aimer, comme lui a aimé et aime. 

Il est mort pour nous, vivons pour Lui. 

Lundi 3 avril 2023 – Lundi Saint

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, qu’il avait réveillé d’entre les morts. On donna un repas en l’honneur de Jésus. Marthe faisait le service, Lazare était parmi les convives avec Jésus. Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle répandit le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie de l’odeur du parfum.       Judas Iscariote, l’un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit alors : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données à des pauvres ? » Il parla ainsi, non par souci des pauvres, mais parce que c’était un voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait ce que l’on y mettait.  Jésus lui dit : « Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. » Or, une grande foule de Juifs apprit que Jésus était là, et ils arrivèrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir ce Lazare qu’il avait réveillé d’entre les morts.       Les grands prêtres décidèrent alors de tuer aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s’en allaient, et croyaient en Jésus. (Jn 12, 1-11)

Cet évangile nous permet de réfléchir sur l’amour que nous portons au Seigneur. Comment nous en tant que catholiques pouvons montrer notre amour inconditionnel au Seigneur ? Marie fait preuve d’amour et d’humilité devant Jésus, elle lui rend grâce, se montre en servante. C’est au fond la nature de notre action, nous sommes appelés à être des serviteurs pour Dieu et pour le reste de l’humanité.

Jésus explique qu’il partira, qu’il donnera sa vie pour nous, qu’il sera crucifié et que le troisième jour, il ressuscitera. Cependant, notre Foi nous permet de traverser cette épreuve de la mort, pour ensuite pouvoir communier au Christ ressuscité. Car nous croyons en Jésus Sauveur. Marie nous offre dans ce passage une magnifique manifestation du langage de l’amour.

Et moi, de quel langage de l’amour je témoigne pour le Christ, pour les autres ? Les quatre langages de l’amour peuvent être : un temps de qualité (prière….), des services rendus, des paroles valorisantes (louanges…) et des cadeaux donnés sans attendre de retrour.

Mardi 4 avril 2023 – Mardi Saint

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean En ce temps-là, au cours du repas que Jésus prenait avec ses disciples, il fut bouleversé en son esprit, et il rendit ce témoignage : « Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera. » Les disciples se regardaient les uns les autres avec embarras, ne sachant pas de qui Jésus parlait. Il y avait à table, appuyé contre Jésus, l’un de ses disciples, celui que Jésus aimait. Simon-Pierre lui fait signe de demander à Jésus de qui il veut parler. Le disciple se penche donc sur la poitrine de Jésus et lui dit : « Seigneur, qui est-ce ? » Jésus lui répond : « C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper dans le plat. » Il trempe la bouchée, et la donne à Judas, fils de Simon l’Iscariote. Et, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui. Jésus lui dit alors : « Ce que tu fais, fais-le vite. » Mais aucun des convives ne comprit pourquoi il lui avait dit cela. Comme Judas tenait la bourse commune, certains pensèrent que Jésus voulait lui dire d’acheter ce qu’il fallait pour la fête, ou de donner quelque chose aux pauvres. Judas prit donc la bouchée, et sortit aussitôt. Or il faisait nuit. Quand il fut sorti, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. » Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus lui répondit : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard. » Pierre lui dit : « Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ? Je donnerai ma vie pour toi ! » Jésus réplique : « Tu donneras ta vie pour moi ? Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois. » (Jn 13, 21-33.36-38)

Prophétique et éclatant. Voilà les deux mots qui me viennent en tête à la lecture de cet évangile. D’une part Jésus annonce en toute confiance que l’un de ses disciples va le trahir, et il le trahit. D’autre part, malgré l’obscurité ambiante, la beauté de l’amour surpasse – et de loin – les forces du mal.

      C’est d’abord l’orgueil que ce texte donne à voir. Celui qui saute aux yeux, et vous me permettrez de prendre ce texte à rebours, est celui de Pierre. Alors que le Christ indique bel et bien que nul ne peut le suivre, les dernières paroles du premier pasteur de l’Église témoigne de sa volonté de substituer au Fils. Il tente ici de jouer un rôle qui n’est pas le sien, d’autant plus hypocrite qu’il reniera son maître par trois fois. Certes une proposition faite par amour, mais qui témoigne d’une volonté de l’homme de se prendre pour Dieu au nom de son enseignement, alors que jamais nous ne l’atteindrons. Premier témoignage, premier avertissement : l’amour ne permet pas de se prendre pour Dieu.

      Ensuite, il ne faut pas oublier que, même nourri d’amour, nous restons faibles et soumis au péché, à la tentation. Judas le vit plus que tout autre. Il reçoit le pain trempé, geste suprême en matière d’amour et de pardon (Jésus sachant qui va le trahir). Pourtant, c’est un appel à pardonner celui qui peut nous trahir. A défaut d’être assez fort pour l’aimer, nous pouvons au moins pardonner, ainsi le mal ne nous atteint. C’est en cela que le paradoxe (avec toute ma subjectivité) d’un Christ donnant le pain au traître qui fait alors entrer Satan en lui n’est pas si contradictoire. C’est au contraire le triomphe même de l’enseignement de Dieu par la chair.

      Enfin, ne pas se prendre pour plus que Dieu, et pardonner, c’est reconnaitre notre humanité dans ce qu’elle a de plus beau, de plus fugace et de plus fragile : sa faiblesse. En avoir conscience permet d’éviter les erreurs de Judas et de Pierre, même lorsque nous rayonnons. Ayons toujours en écho ce refrain de Taizé « dans nos obscurités, allume le feu qui ne s’éteint jamais », car c’est un puissant clair-obscur qui se dégage violemment du texte : le Christ reste là pour nous rappeler à notre humilité.

Mercredi 5 avril 2023 – Mercredi Saint

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? ». Ils lui remirent trente pièces d’argent. Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer. Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » Il leur dit : « Allez à la ville, chez untel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.” » Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque. Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? » Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! » (Mt 26, 14-25)

Aux portes du Triduum Pascal, l’Evangile nous donne de mieux connaitre deux hommes et surtout deux façons d’être homme.

D’un côté nous avons Judas, l’homme indécis et perdu, qui chercher à livrer Jésus sans même connaitre le coût de sa trahison. Et pourtant il semble douter à la parole de Jésus : «Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » en répondant « Rabbi, serait-ce moi ? ». Cette parole nous représente tous lorsque nous doutons face à Dieu en relisant nos actions et nos pensées.

De l’autre côté, il y a Jésus, l’Homme serein. Il sait ce qu’Il l’attend mais Il continue d’avancer sereinement vers sa Passion en préparant la Pâque et son dernier repas avec les disciples . On peut noter une différence de discours entre les deux hommes. « Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples. » Elle montre l’assurance de Jésus et contraste avec les doutes de Judas.

Pourtant si on se reconnait souvent plus en ce dernier qu’en Jésus, Dieu ne nous laisse pas seuls . « C’est toi-même qui l’as dit ! » Cette parole est un espoir pour nous tous car elle nous montre que Jésus nous donne la possibilité de nous convertir après nos trahisons et de toujours revenir à lui.

Jeudi 6 avril 2023 – Jeudi Saint

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. » Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » (Jn 13, 1-15)

Nous entrons avec le Jeudi Saint dans le Triduum pascal c’est-à-dire cette période de trois jours saints pendant laquelle l’Église célèbre la Passion, la mort et la résurrection de Jésus Christ ; mystère pascal, cœur de notre foi chrétienne.

La célébration du Jeudi Saint fait mémoire du Lavement des pieds, rapporté par St Jean, qui a la même signification que l’Eucharistie : Jésus est venu du Père, il s’est fait frère et serviteur pour nous offrir sa vie et nous conduire au Père, lui, « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6).

Prenons le temps de reprendre pas à pas cet épisode même si nous le connaissons déjà bien…

V. 1-3 – Nous avons un prologue solennel qui pose le cadre de la scène. L’heure répétée deux fois montre son importance, c’est le moment décisif où Jésus va être livré et mis en Croix, c’est aussi l’heure où librement Jésus accomplit sa mission. L’heure où Jésus se donne totalement par amour, il donne son corps, sa vie, sa mère et retourne au Père. Jésus aime les siens jusqu’à l’extrême, l’extrême de lui-même.

V. 4-5 – Ce don de lui-même, Jésus l’accomplit lors de son dernier repas par un geste si simple qu’il bouleverse ses apôtres. Laver les pieds est un geste d’hospitalité accompli par les esclaves pour accueillir les hôtes. Et voilà que Jésus endosse ce rôle et opère un renversement. Lui, le Maître et Seigneur, vient se mettre à genoux aux pieds de ses disciples et se fait serviteur. Prenons le temps de voir la scène décrite avec précision par Jean, ces gestes de Jésus si concrets. Jésus lave les pieds de chacun et même de Judas…

V. 6-11 – Pierre est choqué et ne comprend pas ce geste qui annonce le sens de la mort de Jésus, acte d’amour et de service pour les siens. « Pas de plus grand amour que de donner sa vie à ceux qu’on aime » (Jn 15, 13). Le disciple qui n’accepte pas ce renversement, ce don de soi qui passe par la croix ne saurait avoir une relation durable avec Jésus. « Si je ne te lave pas, tu ne peux pas avoir de part avec moi. »

Pierre fait confiance à Jésus, accepte de ne pas tout saisir et généreusement veut le maximum pour être avec Jésus ! Arrivent le combat et la puissance des ténèbres, la trahison de Judas qui s’annonce…

V. 12-15 – Jésus donne lui-même l’interprétation de son geste et le présente en exemple. S’il se fait le plus petit au service de ses frères allant jusqu’à la croix, c’est pour qu’à leur tour dans l’humble quotidien ils soient frères et serviteurs témoignant de l’amour qui les habitent. C’est parce que nous recevons du Christ-Serviteur la puissance de Son amour que nous sommes transformés et appelés à en témoigner quels que soient les combats à mener.

« Jésus laisse ce geste en testament à ses apôtres. Il ne leur dit pas de laver les pieds des autres car ils auraient vite fait de travestir le geste de l’amour en générosité mais il leur dit de se laver les pieds les uns aux autres dans une réciprocité qui est celle du don. L’eucharistie ne cesse de nous faire célébrer cet admirable échange, rappelant constamment que seul l’amour reçu donne naissance au véritable don de soi. » (Christian Salenson, Prier 15 jours avec Christian de chergé, p. 64)

Vendredi 7 avril 2023 – Vendredi Saint

La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Jean En ce temps-là, après le repas, Jésus sortit avec ses disciples et traversa le torrent du Cédron ; il y avait là un jardin, dans lequel il entra avec ses disciples. Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, lui aussi, car Jésus et ses disciples s’y étaient souvent réunis. Judas, avec un détachement de soldats ainsi que des gardes envoyés par les grands prêtres et les pharisiens, arrive à cet endroit. Ils avaient des lanternes, des torches et des armes. Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur dit : « Qui cherchez-vous? » Ils lui répondirent : « Jésus le Nazaréen. » Il leur dit : « C’est moi, je le suis. » Judas, qui le livrait, se tenait avec eux. Quand Jésus leur répondit : « C’est moi, je le suis », ils reculèrent, et ils tombèrent à terre. Il leur demanda de nouveau : « Qui cherchez-vous? » Ils dirent : « Jésus le Nazaréen. » Jésus répondit : « Je vous l’ai dit : c’est moi, je le suis. Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir. » Ainsi s’accomplissait la parole qu’il avait dite : « Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés. » Or Simon-Pierre avait une épée ; il la tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa l’oreille droite. Le nom de ce serviteur était Malcus. Jésus dit à Pierre : « Remets ton épée au fourreau. La coupe que m’a donnée le Père, vais-je refuser de la boire ? » Alors la troupe, le commandant et les gardes juifs se saisirent de Jésus et le ligotèrent. Ils l’emmenèrent d’abord chez Hanne, beau-père de Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là. Caïphe était celui qui avait donné aux Juifs ce conseil : « Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple. » Or Simon-Pierre, ainsi qu’un autre disciple, suivait Jésus. Comme ce disciple était connu du grand prêtre, il entra avec Jésus dans le palais du grand prêtre. Pierre se tenait près de la porte, dehors. Alors l’autre disciple – celui qui était connu du grand prêtre – sortit, dit un mot à la servante qui gardait la porte, et fit entrer Pierre. Cette jeune servante dit alors à Pierre : « N’es-tu pas, toi aussi, l’un des disciples de cet homme ? » Il répondit : « Non, je ne le suis pas ! » Les serviteurs et les gardes se tenaient là ; comme il faisait froid, ils avaient fait un feu de braise pour se réchauffer. Pierre était avec eux, en train de se chauffer. Le grand prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sur son enseignement. Jésus lui répondit : « Moi, j’ai parlé au monde ouvertement. J’ai toujours enseigné à la synagogue et dans le Temple, là où tous les Juifs se réunissent, et je n’ai jamais parlé en cachette. Pourquoi m’interroges-tu ? Ce que je leur ai dit, demande-le à ceux qui m’ont entendu. Eux savent ce que j’ai dit. » À ces mots, un des gardes, qui était à côté de Jésus, lui donna une gifle en disant : « C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre ! » Jésus lui répliqua : « Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal. Mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » Hanne l’envoya, toujours ligoté, au grand prêtre Caïphe. Simon-Pierre était donc en train de se chauffer. On lui dit : « N’es-tu pas, toi aussi, l’un de ses disciples ? » Pierre le nia et dit : « Non, je ne le suis pas ! » Un des serviteurs du grand prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, insista : « Est-ce que moi, je ne t’ai pas vu dans le jardin avec lui ? » Encore une fois, Pierre le nia. Et aussitôt un coq chanta. Alors on emmène Jésus de chez Caïphe au Prétoire. C’était le matin. Ceux qui l’avaient amené n’entrèrent pas dans le Prétoire, pour éviter une souillure et pouvoir manger l’agneau pascal. Pilate sortit donc à leur rencontre et demanda : « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? » Ils lui répondirent : « S’il n’était pas un malfaiteur, nous ne t’aurions pas livré cet homme. » Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes et jugez-le suivant votre loi. » Les Juifs lui dirent : « Nous n’avons pas le droit de mettre quelqu’un à mort. » Ainsi s’accomplissait la parole que Jésus avait dite pour signifier de quel genre de mort il allait mourir. Alors Pilate rentra dans le Prétoire ; il appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, Ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? » Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » Pilate lui dit : « Qu’est-ce que la vérité ? » Ayant dit cela, il sortit de nouveau à la rencontre des Juifs, et il leur déclara : « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. Mais, chez vous, c’est la coutume que je vous relâche quelqu’un pour la Pâque : voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? » Alors ils répliquèrent en criant : « Pas lui ! Mais Barabbas ! »Or ce Barabbas était un bandit. Alors Pilate fit saisir Jésus pour qu’il soit flagellé. Les soldats tressèrent avec des épines une couronne qu’ils lui posèrent sur la tête ; puis ils le revêtirent d’un manteau pourpre. Ils s’avançaient vers lui et ils disaient : « Salut à toi, roi des Juifs ! » Et ils le giflaient. Pilate, de nouveau, sortit dehors et leur dit : « Voyez, je vous l’amène dehors pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » Jésus donc sortit dehors, portant la couronne d’épines et le manteau pourpre. Et Pilate leur déclara : « Voici l’homme. » Quand ils le virent, les grands prêtres et les gardes se mirent à crier : « Crucifie-le! Crucifie-le! » Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le ; moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » Ils lui répondirent : « Nous avons une Loi, et suivant la Loi il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu. » Quand Pilate entendit ces paroles, il redoubla de crainte. Il rentra dans le Prétoire, et dit à Jésus : « D’où es-tu? » Jésus ne lui fit aucune réponse. Pilate lui dit alors : « Tu refuses de me parler, à moi ? Ne sais-tu pas que j’ai pouvoir de te relâcher, et pouvoir de te crucifier ? » Jésus répondit : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu d’en haut ; c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi porte un péché plus grand. » Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher ; mais des Juifs se mirent à crier : « Si tu le relâches, tu n’es pas un ami de l’empereur. Quiconque se fait roi s’oppose à l’empereur. » En entendant ces paroles, Pilate amena Jésus au-dehors; il le fit asseoir sur une estrade au lieu dit le Dallage – en hébreu : Gabbatha. C’était le jour de la Préparation de la Pâque, vers la sixième heure, environ midi. Pilate dit aux Juifs : « Voici votre roi. » Alors ils crièrent : « À mort ! À mort ! Crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Vais-je crucifier votre roi ? » Les grands prêtres répondirent : « Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur. » Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié. Ils se saisirent de Jésus. Et lui-même, portant sa croix, sortit en direction du lieu dit Le Crâne (ou Calvaire), qui se dit en hébreu Golgotha. C’est là qu’ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix ; il était écrit : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs. » Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, parce que l’endroit où l’on avait crucifié Jésus était proche de la ville, et que c’était écrit en hébreu, en latin et en grec. Alors les grands prêtres des Juifs dirent à Pilate : « N’écris pas : “Roi des Juifs” ; mais : “Cet homme a dit : Je suis le roi des Juifs.” » Pilate répondit : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit. » Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura. » Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les soldats. Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : « J’ai soif. » Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. Cela, en effet, arriva pour que s’accomplisse l’Écriture : Aucun de ses os ne sera brisé. Un autre passage de l’Écriture dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé. Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Joseph vint donc enlever le corps de Jésus. Nicodème – celui qui, au début, était venu trouver Jésus pendant la nuit – vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès pesant environ cent livres. Ils prirent donc le corps de Jésus, qu’ils lièrent de linges en employant les aromates selon la coutume juive d’ensevelir les morts. À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. À cause de la Préparation de la Pâque juive, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus. (Jn 18, 1 – 19, 42)

« La vie et la mort luttent en nous. Dès l’instant the notre naissance nous commençons en même temps à vivre et à mourir », écrit Thomas Merton au début de son livre, Le Nouvel Homme. Qui gagnera ce combat ?

Aujourd’hui, Jésus affronte la mort. Celui qui a habité parmi nous pour nous montrer l’amour du Père, celui qui s’est fait chair à notre ressemblance excepté le péché, est écrasé par le péché, l’ancienne blessure de l’humanité, jusqu’au point de la mort.

On sait bien comment l’histoire se termine. On sait bien que la vie gagne. Mais on sait bien aussi que la mort reste une menace pour nos vies. Une fois reconciliés avec la mortalité de nos corps, il nous faut aussi être reconciliés avec la mort que nous rencontrerons de façon quotidienne. Parfois, on doit accepter la mort de nos désirs et attentes non satisfaits, la mort d’une image des autres ou de soi-même, la mort de certaines relations.

Dans ces moments de désolation, il est capital de ne pas tomber dans le désespoir. Il faut croire que la vie continue, que la vie va triompher. Contemplons Jésus, qui, dans ses derniers instants, a remis son esprit entre les mains du Père. C’est un acte d’espérance. Le Père, Seigneur de la vie, recevra mon esprit. Ma vie, aussi difficile, aussi désespérée qu’elle puisse paraître, est entre ses mains. Et la mort ne gagnera pas.

Allons donc à la rencontre du Christ souffrant, blessé, crucifié dans notre chair et celle de nos prochains. Essayons d’être fidèles compagnons, pleins d’espoir et d’amour. La vie triomphera.

Samedi 8 avril 2023 – Samedi Saint

Pas de messe aujourd’hui dans toute l’Eglise… L’autel est nu de tout ornement, les chandeliers sont enlevés, le tabernacle ouvert et vide… Seuls montent le chant et la prière des psaumes, l’humble prière des heures qui déchire le silence de l’absence et de la mort ; cri qui se mue cependant insensiblement en confiance… Que se passe-t-il en ce jour quand Jésus descend au séjour des morts où nul d’entre nous n’a accès ?
« Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s’est apaisée, parce que Dieu s’est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s’est mis à trembler. C’est le premier homme qu’il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort. Oui. c’est vers Adam captif, en même temps que vers Ève, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs. Le Seigneur s’est avancé vers eux, muni de la croix, l’arme de sa victoire. Il prend [Adam] par la main et le relève en disant : […] « Je te l’ordonne : Éveille-toi, ô toi qui dors, je ne t’ai pas créé pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d’entre les morts : moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable qui as été créé à mon image. Éveille-toi, sortons d’ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible. C’est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils ; c’est pour toi que moi, le Maître, j’ai pris ta forme d’esclave ; c’est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre et au-dessous de la terre ; c’est pour toi, l’homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts […]. Lève-toi, partons d’ici. L’ennemi t’a fait sortir de la terre du paradis ; moi je ne t’installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste. Je t’ai écarté de l’arbre symbolique de la vie ; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu’un avec toi. J’ai posté les chérubins pour qu’ils te gardent comme un serviteur ; je fais maintenant que les chérubins t’adorent comme un Dieu. Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts et le royaume des cieux est prêt de toute éternité. Saint Epiphane, Homélie ancienne pour le Grand et Saint Samedi, extraits.

Peut-être pouvons-nous vivre cette journée avec Marie, en nous demandant comment elle a vécu la Passion de son fils. Que fait-elle, alors que son Fils est absent, dans la mort ? Mais elle reste dans la foi que son Dieu est le Dieu des vivants et non des morts, dans l’espérance qui lui fait attendre la résurrection, dans la charité qui lui fait peut-être consoler les amis de Jésus réunis autour d’elle. Peut-être même va-t-elle consoler la maman de Judas ? Elle attend, elle veille, elle garde dans son cœur toute la vie de son enfant, du Fils de Dieu, et elle s’associe ainsi à la rédemption du monde.

Un jour où on ne fait rien de spécial, un jour où tout se fait dans le secret.

Samedi soir 8 avril 2023- Veillée pascale

Après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie vinrent pour regarder le sépulcre. Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de terre ; l’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus. Il avait l’aspect de l’éclair, et son vêtement était blanc comme neige. Les gardes, dans la crainte qu’ils éprouvèrent, se mirent à trembler et devinrent comme morts. L’ange prit la parole et dit aux femmes : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : ‘Il est ressuscité d’entre les morts, et voici qu’il vous précède en Galilée ; là, vous le verrez.’ Voilà ce que j’avais à vous dire. » Vite, elles quittèrent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. » (Mt 28,1-10)

Dans les Exercices spirituels, St Ignace de Loyola invite le retraitant, au début de la 4e semaine de retraite, à demander une grâce pour cette semaine : « Ce sera, ici, demander la grâce d’éprouver de l’allégresse et de me réjouir intensément pour la gloire et la joie si grandes du Christ notre Seigneur. » S’il faut la demander, la joie de Pâques, c’est qu’elle n’est pas automatique ni immédiate. Jésus dans l’évangile de cette nuit pascale le dit à plueiurs reprises : « Soyez sans crainte ». La peur, l’angoisse, la détresse même devant le scandale d’un monde qui va vers sa mort, nous pousse à désobéir à l’injonction « Do not look up ! » (vous avez la référence à ce film de nteflix sur la fin du monde ?). Mais il ne suffit pas de se révolter, il faut encore accueillir ce que nos ne pouvons pas avoir comme espérance par nous-mêmes mais seulement par la foi : nous sommes appelés à participer à la résurrection. Quelle joie, quelle espérance. « La joie, c’est ce qui met un futur là où il n’y en avait pas » (Jankelevitch).

En cette nuit pascale, Soyons unis à Judith, Jeanne-Louise et Charles-Antoine qui, après avoir abaissé la tête vers l’eau, se relèvent baptisés, revêtent le vêtement de la joie, portent la lumière de la vie, sont oints de l’huile d’allégresse ! Ce jour, ils deviennent plus proches de nous tous puisqu’ils communient au Corps du Christ pour la première fois, ils vivent du même Esprit que nous, Esprit dont le premier fruit est la joie ! Oui, demandons l’allégresse de la résurrection.

Dimanche 9 avril 2023 – Pâques – Résurrection du Seigneur

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. (Jn. 20,1-9)

Jour de Pâques, Alléluia ! Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

Tel est le fondement de notre foi chrétienne. Sans la Résurrection, notre foi est vaine, vide de sens. C’est ce qu’affirme Saint Paul (1 Corinthiens 15, 14-20) : « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. Mais non ! le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. »

Et pourtant cette nouvelle inouïe de la Résurrection de Jésus ne s’accompagne pas des chants des anges comme dans le récit de sa naissance, pas de Gloria… Mais à la sortie de la nuit, au lever du jour : une pierre tombale roulée de côté, une course, et, un tombeau vide…

Signes discrets et pourtant porteurs d’une puissance de vie inouïe !

Marie-Madeleine, première arrivée au tombeau du Christ, voit un évènement inattendu : le tombeau ouvert avec sa pierre roulée de côté. Elle rebrousse chemin, inquiète et court annoncer ce qu’elle a vu. Pierre et l’autre disciple (Jean ou bien le Disciple bien-aimé qu’est appelé à devenir tout lecteur de l’Evangile) se mettent aussi à courir. Ces courses indiquent l’urgence et l’importante de ce qui arrive.

Pierre entre le premier dans le tombeau, il constate qu’il est vide, bien en ordre et ne comprend pas ce qui vient de se passer. En revanche, l’autre disciple, « vit, et il crut ». Il y a un changement qui s’opère dans ce regard. L’évangéliste utilise le verbe orao = voir de l’intérieur, le verbe de la foi ; pour Marie-Madeleine et Pierre, le verbe plebo est employé pour la vision oculaire, extérieure. L’absence du corps de Jésus et les linges posés à part, ne sont pas la trace d’un vol mais le signe d’une présence et d’une vie autres que seuls les yeux de la foi peuvent attester. L’événement de la résurrection est un événement de foi. Les Ecritures comme Paroles de Vie s’éclairent : « Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts ».

Le Disciple, que nous sommes appelés à devenir, court, voit et croit. Parce qu’il aime, alors il voit ce qu’il y a d’invisible ; il entre dans le mystère. Son amour lui fait comprendre l’incompréhensible des évènements, son regard traverse l’opacité des choses et il voit en véritable croyant.

A notre tour, que notre cœur soit brûlant d’amour en entendant la nouvelle inouïe de la Résurrection du Christ et sachons voir les signes de sa Présence de Ressuscité dans l’ordinaire de nos vies. Christ est passé de la mort à la Vie et nous entraine à sa suite, Alléluia !